Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Derrière le Paravent Suèdois

7 octobre 2012

TéléDimanche #redif

Joe Jackson redéboule dans mes oreilles. Nouvel album, The Duke, hommage à Duke Ellington, un concert à Olympia… Alors redif d'une vieille note publiée en 2005 sur mon premier Paravent Suédois en ruine sur 20six :

•••

La musique rythme nos vies. Comme au cinéma, j’ai une BO qui accompagne chaque instant de mon existence. Dès fois, je me souviens des titres, des fois non.

jackson_front

1981, je suis avec C. Elle partagera une partie de ma vie, surtout une vie artificielle d’étudiant au soleil, à Aix-en-Provence. Elle sera ma première épouse. Nos goûts convergent vers les chanteurs et groupes à claviers : Billy Joël, Elton John, Randy Newman, Supertramp… Look Sharp ! de Joe Jackson débarque sur ma platine en même temps que Zappa, Cheap Trick et d’autres groupes un peu plus agités. C. n’aime pas. Des vies trop décalées (À l’époque, je suis ingénieur à EDF, elle musicienne ; deux planètes…) et des divergences de goûts et d’intérêts de plus en plus marquées usent notre couple. Été 87, fin de l’histoire. Divorce. Bande son : Night And Day acheté à la Fnac de Dijon, où je suis parti de me changer les idées chez mon père. Je redécouvre alors Joe Jackson. Chinatown résonne dans les écouteurs de mon Walkman, je flâne dans les parcs de la cité de la moutarde, je fais des sourires aux filles bronzées, m’installe aux terrasses des cafés près de la cathédrale et dessine les ruelles sur mon carnet de croquis. Je fais le deuil d’un amour. Retour à Paris. J’achète Will Power, un opus symphonique pour grand orchestre que j’écoute dans le noir. Fin de ma déprime.

Finalement, je crois que je n’aime pas trop le brut, le hard*. Disons, un peu de temps en temps et c’est peut-être pour cela que j’ai décroché sur le Punk. J’ai plutôt un faible pour les sons un peu travaillés et surtout les claviers. Synthés pompeux à profusion d’un Keith Emerson ou d’un Rick Wakeman, clavier jazz-rock d’un George Duke chez Zappa, orgue rock-swing-gospel d’un Ray Manzareck, clavier heavy-Bach d’un Jon Lord, mellotron rock-triste de Brian Jones, piano rock-bar d’un Randy Newman ou d’un Billy Joël, Fender pop-crécelle d’un Roger Hodgson, clavier propre d’un Elton John… Et puis, là, à part, il y a le piano de Monsieur Joe Jackson. Le piano rock indiscutable (ah si, il y a quand même un autre fou, Jerry Lee Lewis, peut être en parlerai-je un autre jour).

joe_jackson_piano
Je ne suis pas journaliste musical et je n’ai donc pas le vocabulaire pour parler de la musique de Joe Jackson, de ses arrangements savants de simplicité, de ses mélodies aériennes, de ses télescopages harmonieux de maracas, de nappes de cuivres, de violons saccadés et violoncelles mélancoliques, de ses chœurs planants, de ses rythmiques qui construisent ses ritournelles ou d’un simple triangle qui parfois fait tout. Non, je ne travaille pas à Rock’n'Folk. J’aime tout simplement. Joe Jackson ne me quitte plus depuis plus de 25 ans et accompagne ainsi ma vie. Sa discographie est brillante (il y a peu de ratés). Un peu comme Zappa, il a balayé plusieurs ambiances, rock, pop, jazz, classique, latino… Et comme Zappa, c’est mon autre maîtresse musicale, j’y reviens toujours.

Je l’ai vu en 1997, dans une petite salle sur les boulevards. C’était une sorte de Unplugged, comme sur MTV. Lui et quelques musiciens en configuration simple. Il a joué son nouvel album Heaven & Hell, puis en deuxième partie a enchaîné tous ses succès, comme ça, entre amis, en toute simplicité. C’était magique. J’étais au premier rang, tenant la main de V. près de moi. V. la mère de mes enfants…

Publié en avril 2005

* C'était il y a 7 ans. J'ai dû vieillir depuis, et j'ai salement repris goût à des sons plus gras et plus rock…

•••

Bonus…

•••
Bon dimanche !

Publicité
15 septembre 2012

TéléDimanche… #GBA

logoBonjour éventuel(s) [et/ou éventuelle(s)] nouveau(x) [et/ou nouvelle(s)] lecteur(s) [et/ou lectrice(s)]. Oui, vu que je ne suis pas sûr du monde qui va passer ici depuis que je me suis inscrit aux Golden Blog Awards, je prends quelques précautions orthographiques quant à l'éventuel pic de lectorat sur ce blog. Vous imaginez, si il n'y avait que moi qui clique finalement pour voir si le lien marche bien entre le site des Golden Blog et ici, je me dis bonjour !? Ça rend zinzin le 2.0, non ?

Bon on aurait dit qu'il y avait 2 ou 3 curieux qui arrivent ici. Zut, il faut que j'écrive un truc… heu…  ? Ah oui, tenez, cette image trouvée sur flickr  :

Pokaz
La réclame en dessous  :

263880_10151041710256616_2078752528_n
Ils sont forts dans la réclame ! Vous avez vu, tac tac bada boum, un coup de Photoshop, je te rajoute un petit ponton et hop, le paysage de rêve, la destination de Club de Vacances. C'est qui ceux-là au fait ? Quand j'a vu cette publicité sur les réseaux cette semaine, la souris m'a échappé des mains.

Ceci est l'exemple parfait de la fausse bonne idée publicitaire qui conduit à une véritable maladresse.

En premier lieu, le message est compliqué car il repose sur une démonstration subtile qui n'est pas immédiatement compréhensible, lettré ou illettré. Cette mécanique conduit le publicitaire à se prendre les pieds dans le tapis en se fendant de cette explication surréaliste  : 10 % de Français ne comprendront pas cette publicité.

Cette annonce réussit le tour de force de stigmatiser la population qu'elle défend ! Circulez, il n'y a rien à lire, de toute façon vous ne pigerez rien et resterez hélas persuadés que c'était une pub pour un club de vacances. Resterons hélas persuadés, violent, non ? À se demander si il n'y a pas confusion entre illettrisme et analphabétisme ? Il est bon de rappeler que contrairement à un analphabète, un illettré a eu un apprentissage de la lecture. Dans son quotidien, il a du mal à lire ou déchiffrer un texte et le comprendre. Les causes sont multiples est complexes, allant de l'environnement social aux difficultés scolaires en passant par des trouble psychologiques.

On est rarement illettré par choix. Alors pourquoi être stigmatisé par une pub pour un appel au don ? Pourquoi un illettré qui peut subir sa situation et en être conscient ne serait pas également donateur ? Les malades du cancer font bien des dons à la recherche contre le cancer, non ? Et on ne les désigne pas. Cette campagne me laisse en goût amer, l'effet d'une pub d'intello qui s'adresse à une population intello. Raté.

Bon vous allez dire que je suis pisse vinaigre ? Peut être, mais en tout cas, moi, j'ai le sens de l'humour (noir) et cette réclame qui semble faire scandale me fait bien marrer. Magnéto  :

Voilà, éventuel visiteur(s) ou visiteuse(s) des Golden Blog Awards vous venez de découvrir le Paravent Suédois. Je vous laisse voter tranquillement…

•••
Bon dimanche !

PS : pour s'informer sur la lutte contre l'illétrisme, on clique ICI

28 juillet 2012

TéléDimanche… #d'été

C'est l'été, les vacances. Les gens ne sont pas là. Du coup il y a moins de monde dans les agences de pub et dans les services marketing. Je ne vois pas d'autres explications…

Tiens, on va commencer par le bad buzz de la semaine, c'est-à-dire ce spot Degriftour, magnifique concentré de poncifs de la comédie bourgeoise des années 80. Alors forcément faut pas s'étonner que les maires de Palavas-les-Flots, Argelès-sur-Mer et la Grande-Motte se soient un peu énervés. C'est vrai quoi merde ! Cela dit, je suis sidéré par le silence assourdissant de la chambre syndicale des coachs sportifs. Eh, les gars, ça ne vous gêne pas que votre profession soit assimilée à un ramassis de «ringards»  ?

Bon, plus sérieusement, puisque ce spot, d'après ce que je sais, ne passe que sur l'Internet, si Degriftour avait songé à le diffuser en TV, ils auraient eu l'obligation de le faire valider avant diffusion par l'ARPP. L'autorité de régulation aurait pu probablement, je dis bien probablement, rendre un avis négatif - le spot dénigre effectivement d'autres destinations - et cela aurait peut être évité cette contre publicité et des contorsions de réthorique pour la dircom de Degriftour dans le journal de M6, par exemple.
Enfin, il serait bien que les annonceurs et les agences, au travers des colères justifiées des maires, comprennent que ces clivages stupides riche/pauvre, branché/ringard, et plus généralement parisianisme/province n'ont plus aucun sens depuis un bon moment. J'ai peur que cela soit un vœu pieux…

poulet-fermier-loue-clermond-ferrand

Les poulets Truc ou Machin, je ne me souviens plus du nom de cette marque ont remis le couvert avec leur pub ringarde, elle. Chez moi un poulet, c'est un flic. Toujours chez moi, un flic, c'est un policier. Et autant que je sache, les «poulets» ne portent plus de képis depuis belle lurette. En argot, les gendarmes, qui eux portent des képis, sont affublés de divers surnoms comme cognes, guignols, pandores, marchands de lacets ou hirondelles. Hirondelles… poulets… On va en rester là, hein, je ne vais pas m'attarder en plus sur le tracteur de Collection de Prestige.

french_version850pxls

Je regarde encore cette pub et je ne comprends toujours pas. Les QR code et autres zinzins geeks à photographier pour aller voir un truc sur Internet m'emmerdent. Je ne m'avance pas trop en disant que des allergiques de mon espèce sont encore légion. Très légion même ! RSF, s'il vous plaît, faites plus simple. (Évitez un poulet sur un tracteur…).

James-Holmes_articlephoto

Tiens lui, il fait (peut être) semblant de ne rien de comprendre ? Ce n'est pas ce week-end qu'on le saura. En attendant, d'une manière globale, nous n'avons pas eu droit aux raccourcis à la con entre la violence au cinéma et son effet sur des esprits dérangés. En d'autre temps Oliver Stone (Tueurs nés) ou les frères Wachowski (Matrix) ont vu leurs œuvres mêlées à des affaires similaires et subir de véritables calvaires judiciaires avant d'être mis hors de cause. La raison semble avoir gagné quasiment tous les médias. Alors comme je ne comprends rien en ce moment, je ne comprends pas cette une racoleuse de Libération

488072_10151111268012394_152975371_n

Allez bonus chopé hier sur l'Internet mondial. Sincèrement, ce qui m'ennuie dans cette campagne  ? La musique. Ouais, la musique…

Bon, c'est l'été, les vacances et on aurait dit que tout le monde allait se ressaisir à la rentrée…

•••
Bon dimanche !

 

8 juillet 2012

TéléDimanche… #06…

campagne_krys_alain_delon_4f5hp_1u79vo_copie

Il y a un proverbe de bureau à la con qui dit qu'il n'y a pas d'affaires urgentes mais que des affaires qui n'ont pas été traitées à temps. Avec les nouvelles technologies de communication, la notion de «traiter à temps» a un double sens : le premier est évident puisque c'est trop tard. Le second sens est un paradoxe, puisqu'il s'agit de trop tôt. (voir mon précédent Télédimanche #3615). Du coup un autre proverbe d'entreprise devrait être médité chaque matin par les employés et cadres stressés par des situations dont ils sont bien souvent eux-mêmes à l'origine : il est parfois urgent d'attendre.

L'urgence était un luxe il y a encore une quinzaine d'années. Régler des affaires urgentes impliquait des moyens particuliers, variés et rarement gratuits : des coursiers en exclu, des surconsommations de photocopies ou de fax, des prestations surfacturées, des plateaux repas, voire des nuits d'hôtels, sans parler des heures supplémentaires à payer aux collaborateurs embarqués dans ces urgences. Avant de s'offrir ces conditions de travail on prenait un peu de temps pour trouver un plan B, autrement dit évaluer les conséquences réelles et objectives du «retard» pris. Au garde fou du surcoût du traitement d'une affaire dite «urgente», il y avait une autre barrière, celle distinguant la vie professionnelle et la vie privée. Cette dernière barrière s'est profondément diluée depuis. L'instrument le plus machiavélique de destruction de cette frontière nécessaire à l'équilibre physique, affectif ou tout simplement familial, fut et est toujours le téléphone portable. La palme d'or revient au Blackeberry que des tas d'entreprises ont «offert» à leurs employés. Le cadeau empoisonné par excellence…

Ajouter les e-mails à gogo, la confusion quasi inévitable entre usages professionnel et privé de l'Internet par le mélange des publications et des échanges pro ou/et privés via les mêmes canaux (Twitter, Facebook, Viadeo… Google se faisant un plaisir de tout vous ressortir en bloc), ajouter donc tout ceci, sans bourse délier, et le rempart du «luxe» s'envole. Il s'est même définitivement envolé…

L'urgence n'est plus un luxe mais une effrayante banalité. Comme si tous nos actes ne pouvaient pas attendre ; comme si nous devions tout décider, choisir, valider, acter, confirmer, tout de suite, là par un e-mail, ici par un SMS, quelque soit l'heure ou le jour ; comme si nous devions toujours dire, informer, partager... Prendre le temps de prendre le temps : ce que l'homme a à peu près réussi à faire depuis la nuit des temps, et n'arrive plus du tout depuis à peine 10 ans, esclave de son bazar, architecte de cette nouvelle banalité de l'urgence. L'urgence est ainsi redescendue au rez-de-chaussée de la pyramide des besoins.

La panne gigantesque de plus de 10 heures du réseau Orange qui a privé de communication plus de 26 millions de Français ce vendredi, est alors forcement quelque chose de «grave» et ne peut pas être balayée d'un revers de la main par un Bah ce n'est pas qu'une panne ou un plus stupide Bah avant on se débrouiller bien sans portable. Comme dit la pub d'un marchand de lunettes, oui mais ça c'était avant. Vraiment avant. Et c'est précisément ça qui est grave.

•••
Bon dimanche !

 

30 juin 2012

TéléDimanche… #3615

Le Minitel est mort cette semaine. Vive le Minitel. Sérieux, je vais le regretter grave ! Sa mort est une date symbolique : celle de la fin d'une forme de rapports «normaux» entre les gens. Et d'une certaine liberté.

Le Minitel est un grand ratage technique français. Avec le Concorde, un OVNI (Objet Volant Nettement Invendable) comme disait Jean Amadou. Le Minitel est juste une bande annonce diffusée uniquement en France dans les années 80 pour annoncer l'Internet grand public. Des 1985, à peine 5 ans après les premiers tests en Bretagne, un million de Français peuvent accéder, via cet écran-objet, à toutes sortes d'informations et services : annuaires, banques, messageries, réservations de billets SNCF, commandes, jeux... Tout le concept de l'Internet est là, et mieux il y a un vrai modèle économique qui assurera à certains la fortune sans pirouette boursière et enfumage d'investisseurs. Remplacez ce bouzin par un PC ou un Mac et sa souris ; ne tapez plus, mais cliquez : la majorité des services web d'aujourd'hui a finalement la même base, seules quelques technologies sont venues l'améliorer et la rendre plus sexy...

La France a été le seul pays au monde à proposer à tout foyer équipé d'une ligne téléphonique l'accès à un réseau. France Telecom a inventé le «plug and play» : vous sortiez du carton ce bazar marron avec ses 2 fils, un dans la prise du téléphone, l'autre dans la prise de courant, et hop ça marchait ! Vous tapiez : 3615ulla, envoi, «Biiiiii», Connect. Et c'était parti pour des dialogues de culs à 10 € de l'heure…

Image_1Dans les années 80, quand t'avais ça sur ton bureau,
attention t'étais pas n'importe qui dans la boîte…

Alors pourquoi la France n'a-t-elle pas su vendre cette idée au monde ? Une technologie qui aurait forcément évolué et qui avait en plus une économie «réaliste» ? Les pays étrangers, avec certainement les USA en tête, ont dû lui opposer l'Internet bientôt ouvrable au public, la téléphonie mobile et des «devices» à l'étude : micro-ordinateurs de plus en plus rapides, souris, téléphones portables, tablettes… Probablement aussi l'idée que ces infrastructures, terminaux et services pourraient être financés par des compagnies privées, charge à elles de rentabiliser tout ce zinzin. Et enfin, l'idée de la liberté ! Cette liberté qui ferait que n'importe quel citoyen pourrait accéder à l'information, surtout si des compagnies oseraient lui proposer gratuitement ! Alors pourquoi les états iraient s'embourber dans tout ça ?

Seulement voilà, la liberté a toujours un prix. Et il est toujours très élevé. La première facture a été présentée fin 90 aux investisseurs et génies de la bourse : ce fut la première bulle Internet avec quelques centaines de milliards de dollars partis en fumée à la suite de prévisions surréalistes sur «l'économie» Internet. France Telecom, Vivendi-Universal, AOL Time Warner, Sisco ? touchés coulés.

La seconde facture présentée par la liberté, monstrueuse et à tout le monde cette fois-çi, ne s'exprime ni en euros ni en dollars, mais en minutes et en heures : le temps. Le temps bouffé et perdu. Une phrase à la con dit que la liberté de chacun s'arrête là où commence celle d'autrui. Ici, il s'agit de notre espace privé ou professionnel. Jamais l'homme n'a été autant esclave et envahi par lui-même avec des chaînes que sont les mails, SMS et appels sur portables, messages vocaux et flux quasi ininterrompus sur les réseaux sociaux dès l'instant où on y met un doigt. C'est probablement irréversible. Nous sommes arrivés à un stade où ne pas être dans ces boucles infernales, c'est en partie se désociabiliser, quasi s'exclure de la vie professionnelle et, pis, ne pratiquement plus avoir accès à certains services publics. Drôle de liberté, non ?

facebook_minitel

Objectivement, 10 € de l'heure pour mater des LOL Cats,
ou lire mes conneries… hein ?

Je lisais il y a quelques temps dans Stratégies, le résumé d'une étude faite sur l'invasion de l'Internet et du mobile dans la vie professionnelle. C'est un véritable cancer : un employé ne peut pas se concentrer plus de 10 minutes sur une même tâche sans être interrompu par un e-mail, un SMS ou un appel. Résultat ? Dans les entreprises on passe son temps à tout faire en urgence, alors qu'il n'y a pas lieu dans la quasi majorité des cas…

Cette immédiateté, parfois pratique, est la conséquence de technologies fantastiques mais aussi et surtout de l'absence d'une barrière qui nous permettrait de juger de sa nécessité. Une immédiateté que nous confondons tous avec la liberté. Une confusion qui nous pousse à envahir n'importe qui avec n'importe quoi, même si nous croyons bien faire. Cette barrière elle porte un nom : l'argent. Le bon vieux Minitel avait installé cette barrière. Cette barrière n'était pas une censure - les 3615 les plus juteux, si je peux me permettre, étaient déjà des sites de culs - mais un moyen de  préservation de notre temps et d'un meilleur libre arbitre. Et d'une partie de notre propre liberté.

•••
Bon dimanche !

 

Publicité
8 avril 2012

TéléDimanche… #20

Pourquoi Nicolas Sarkozy ne sera-t-il probablement pas ré-élu ?

Je vous propose un théorème de ma sauce qui dit :


«Soit X un candidat qui se présente aux élections présidentielles. Si X n'a pas conduit et dirigé la politique de la France juste avant, alors il peut être élu. Inversement si X ne remplit pas cette condition, il a une très forte probabilité de ne pas être élu».


photo

Démonstration mi-fallacieuse, mi-scientifique, mi-ce que vous voulez… Depuis la création de Ve République nous avons 8 élections au suffrage universel direct à observer. Ma démonstration est mi-fallacieuse car j'exclus du champ de démonstration de ce théorème les deux premières élections. Explications :
En 1965, lors de la première élection au suffrage universel les Français découvrent le système : le duel gauche/droite et l'arrivée de la télévision dans le débat politique. De Gaulle, président sortant est élu. Mais pas ré-élu car il a élu en 1962 par un collège de grands électeurs. Si il a donc un bilan à défendre, il n'a pas de comptes à rendre sur les promesses électorales d'une précédente campagne. C'est ici que se situe la nuance…
En 1969, les Français choisissent entre "bonnet blanc ou blanc bonnet" comme le dit Jacques Duclos (PCF) en ne donnant pas de consigne de vote pour le second tour ; un scrutin avec un total de plus de 35 % d'abstention et de bulletins blancs, le record absolu à ce jour. Peut-on alors parler de vrai suffrage universel ? Pompidou, premier ministre de De Gaulle qui a démissionné, est élu face à Alain Poher dans un combat droite ou droite…

Passons donc en revue les précédentes élections :

1974. Giscard est élu. Si il a bien été le ministre des finances de Pompidou, il n'en a pas pour autant conduit et dirigé l'action du gouvernement. Il remplit donc la condition.

1981. Mitterrand est élu. Il remplit également la condition contrairement à Giscard qui doit rendre compte de son septennat et de ses promesses de 1974.

1988. Mitterrand est ré-élu et remplit toujours la condition. Et pour cause, il sort d'une cohabitation et n'a donc pas le bilan de la conduite de la France à défendre. Chirac s'y colle et perd…

1995. Chirac est élu en remplissant la condition. Certes la droite était aux affaires, mais il n'a pas à défendre un bilan contrairement à son concurrent Balladur qui ne sera pas au second tour.

2002. Chirac est ré-élu. Comme Mitterrand en 1988, il bénéficie de la cohabitation et remplit la condition. Son challenger, Jospin qui a le bilan à défendre n'est pas au second tour.

2007. Sarkozy est élu et remplit également la condition. Comme Giscard en 1974, si il a été ministre du gouvernement sortant, il n'a pas dirigé et conduit l'ensemble de la politique.

Cette observation des précédentes élections montre simplement que tout candidat ayant dirigé les affaires du pays (président ou premier ministre) juste avant les élections n'a jamais été élu ou ré-élu, voire disqualifié pour le second tour (Balladur ou Jospin).

france-politics-exhibition-diaporamaSarkozy et Giscard, même victoire... et même défaite ? Sarkozy est le deuxième président de la Ve République, après Giscard, à se représenter après avoir dirigé les affaires du pays tout le long de son mandat. Comme Giscard, Sarkozy est élu en 2007 par l'effet nouveauté. Il est encore jeune, cash et utilise avec génie les médias. Giscard en 1974, opère également de cette rupture : jeunesse, modernité de ton et assez habile avec les médias ; sa formule "vous n'avez pas le monopole du cœur" face à Mitterrand lors du débat du second tour de 74 est entrée dans les annales de la communication électorale. Tous les deux, à leur façon, proposent une modernisation de la vie politique, l'un en rupture avec les années Pompidou et de Gaulle, l'autre avec une Chiraquie ronronnante.
En 1981, Giscard se présente avec un bilan plus que mitigé. La France a subi une grave crise avec les chocs pétroliers, le chômage a grimpé et son fidèle premier ministre, Raymond Barre, aura conduit des politiques de rigueur et d'austérité. Le septennat de Giscard se termine sur fond d'affaires, une escroquerie rocambolesque (les avions renifleurs) et la sale histoire des diamants de Bokassa. Il a un faible capital sympathie chez les jeunes qui vont voter pour la première fois*. Mitterrand fera une partie du plein de ses voix avec cette nouvelle génération qui enfantera le bébé de 1988...

3dd1f53a81533cbf302da955e1e7176cecf2fa2d

Je l'ai déjà écrit ici, Sarkozy est dans la même configuration que Giscard en 1981 : bilan discutable, premier ministre usé jusqu'à la corde et chapelet d'affaires. En face il a une gauche plus que jamais soudée. Il essaie de refaire une campagne façon 2007, mais curieusement il tente également les mêmes ficelles que Giscard en 1974 (un slogan quasi identique, "La France forte") et celles de Mitterrand en 1988 puisqu'il vient d'adresser une lettre au peuple français. Au regard de l'observation des précédents scrutins et du climat actuel on peut alors douter que le mayonnaise prenne. En 1988, Mitterrand avait l'avantage de la cohabitation, une forme de sagesse et d'incarnation du président qui préside - autre effet cohabitation - et encore, et surtout, un fort capital sympathie chez les jeunes. Ce que n'a absolument pas Nicolas Sarkozy. Génération Sarkozy, on voit mal…

Generation sarkozy

Une élection présidentielle n'est en rien une science exacte, mais peut être vue comme une science molle basée sur les observations historiques et les comportements. C'est pour cela que je conclue comme le titre : Nicolas Sarkozy ne sera probablement pas ré-élu…

•••
Bon dimanche !

* Giscard a abaissé l'âge de la majorité à 18 ans en 1974. Et une grande partie de ces jeunes majeurs l'a ainsi remercié en 1981 en votant Mitterrand…
 

1 avril 2012

TéléDimanche… #19

Le but de la réclame est de mettre en scène une différence par rapport à la concurrence, un usage ou un besoin. Bref, l'objet de la publicité est de créer une singularité. Pourquoi une agence pour sa communication n'échapperait-elle pas à cette règle ? Après tout, comme ses clients, ne fait-elle pas aussi face à la concurrence ?

Différence et singularité…

Une agence à Paris vient de s'offrir un beau cadeau pour ses 10 ans : le dos du cahier saumon du Figaro de ce jeudi. Une belle annonce pour marquer sa différence. Et sa singularité.
Sa différence ? Cette agence a une réputation. Elle la justifie avec ses 10 années d'expériences, ses beaux budgets et ses récompenses. Admettons. Sans vouloir faire du mauvais esprit, des agences qui ont 10 ans d'expériences (et plus), de beaux budgets et des récompenses, il y en a plein l'annuaire Stratégies. Pour se singulariser, l'agence annonce que c'est fini, elle ne participera plus à aucune compétition sous prétexte qu'elles sont "une perte de temps et d'argent", qu'il s'agit "de courses de fond truquées à 15 participants" ou de "pêche aux idées". Diantre ! Toutes les compétitions seraient-elles ainsi ? La rédaction de l'annonce n'éclaire pas vraiment le lecteur sur cette question. Et l'annonce d'expliquer aux annonceurs qu'une "bonne agence cela se mérite"

photoUn annonceur qui «sait ce qu'il veut» fait moins appel à une agence,
mais plus à un studio pour exécuter ses idées, non ?

Oui, Leg. (c'est l'agence) a raison : des compétions à 15, des briefs vaseux, des présentations devant des personnes qui ne décident pas et des réactions en mode j'aime/j'aime pas, il y en a ras le bol ! Mais je dis "des" pas "les". Seulement voilà - et le patron de Leg. qui est dans le métier depuis bien plus de 10 ans le sait bien -, le marché de la publicité fonctionne ainsi depuis des lustres. Le système est ainsi fait. Avec ses défauts, mais aussi ses avantages. Car des compétitions non bidons, il y en a, et plein. À commencer par celles auxquelles a certainement participer Leg. pour obtenir ses "beaux budgets". Cette annonce, ne fait-elle pas un peu caprice d'enfant gâté qui casse ses jouets ?

Au passage, Leg. envoie un étrange signal à ses collaborateurs. Si demain 2 ou 3 comptes majeurs décident de les remettre en compétition, alors l'agence ne participera pas ? Et perdra ipso facto ces clients. Que se passera-t-il pour les équipes affectées à ces comptes ? Sachant que pour le développement en direct d'un prospect il s'écoule facilement 6 mois entre les premiers contacts, l'envoi de mémos, les présentations et la signature d'une première opération ?

La compétition est juste la loi de tous les marchés. En quoi la publicité devrait-elle faire sa capricieuse ? Il y a des secteurs où les compétitions sont hautement plus coûteuses qu'un booklet accompagné de 4 ou 5 maquettes et d'un storyboard. Quand un groupe média invente intégralement une chaine TV avec toute sa grille détaillée, le modèle économique, un début de casting et produit une bande teaser pour une attribution sur la TNT, le CSA lui fait-il un chèque en cas de refus ? Quand des groupes industriels et de services déposent des dossiers carrément sur une palette pour obtenir une licence de réseau téléphonique ou une concession de distribution d'eau, on leur fait un chèque ? Quand Alstom et la SNCF engagent des ressources incroyables pour décrocher un marché à l'étranger, le pays leur fait-il un chèque de dédommagement ? Un conseil à la SNCF et Alstom : publier des annonces dans les grands quotidiens mondiaux : "Nos TGV roulent depuis plus de 30 ans en France et ont transporté des centaines de millions de voyageurs. De fait, on a une réputation et plus rien à prouver. Alors fini les appels d'offres. Un TGV ça se mérite !".

HjQ4cW

Analyser des risques ou opportunités sur des nouveaux clients, prospects et compétitions, cela fait partie du job de tout patron. Être taulier d'agence c'est aussi définir et conduire cette stratégie et décider sur le plan tactique : on n'y va ou n'y va pas. Leg. fête ses dix ans avec un effet d'annonce et moins une annonce. Je ne doute pas une seconde que le boss de Leg. soit un bon patron. Tout comme je ne doute pas aussi qu'il connait la boutade d'un président du Conseil de la IVe République : «les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent».

Allez, Leg. les compètes, vous y reviendrez, et on ne vous en voudra pas, parce que nous, les pubards, même si on râle de temps en temps - avec parfois maladresse - , on a ça dans le sang. C'est plus fort que nous. C'est ainsi…

•••

Bonus.
On regarde en premier la dernière campagne Citroën DS4…

 

Ensuite un p'tit extrait. Sacré Octave ! Ces annonceurs qui font des pubs de merde.
Comme les compètes… ?


•••
Bon dimanche !

18 mars 2012

TéléDimanche… #18

L'AACC va prendre position contre l'abstention au travers de campagnes réalisées par 9 agences. Ces campagnes, déjà visibles sur l'Internet (www.aaccvote2012.fr), s'exposeront en presse, TV, radio et affichage à partir du 25 mars. Je ne peux que me réjouir de cette initiative à double effet : rappeler la nécessité de voter et montrer que la publicité peut avoir aussi un rôle sociétal en plus d'être un rouage de l'économie et de la croissance.
Parmi les 9 campagnes présentées, j'ai une nette préférence pour celle signée par Being. Je ne sais pas si il y avait une volonté ou pas de la part de ses créateurs, mais certains visuels soulèvent en creux un autre problème. Je m'explique.

AACC_VOTE_BEING_PAYSAGE_5

Pourquoi des Français s'abstiennent de voter ? J'évacue ceux qui ont un désintérêt «absolu» de la vie politique et le manifestent en n'étant pas inscrits sur une liste électorale. Ces irréductibles sont très minoritaires. En fait la presque totalité des Français en âge de voter est inscrite : pour les présidentielles de 2007, nous étions plus de 44 millions d'inscrits pour une population de 61,8 millions dont 24 % avait moins de 20 ans. On peut aussi imaginer des abstentionnistes «paresseux» ou «fatalistes» convaincus que les autres iront voter pour leur candidat et que finalement c'est joué d'avance. Je ne suis par sûr qu'ils soient si nombreux…

Il y a clairement un désamour croissant de l'intérêt des Français pour la vie politique. Ou plutôt pour les hommes et les femmes politiques. La campagne présidentielle actuelle est d'un niveau assez médiocre et comme je le soulignais dans mon précédent billet, il s'agit dans la forme d'une campagne de circulation de détails, de micros phénomènes, d'avalanche de tweets et pour le fond, d'une succession d'effets d'annonces, de mesures sorties du chapeau pour X, de positions variables pour Y, voire rien du tout pour Z, sans parler des cas ou X à les mêmes idées de Y et inversement. Comment alors faire un choix raisonné ? Là où la personnalité finit probablement par l'emporter plus que le programme. Surtout au second tour.

La grande enquête qu'il conviendra de faire un jour, et le plus sérieusement du monde, sera de savoir pourquoi 15 à 20 % des Français, alors qu'ils sont inscrits, ne votent pas, et plus particulièrement au second tour de la présidentielle. Si la réponse majoritaire venait à être «je ne voulais voter pour aucun des 2 candidats», alors cela acterait tout simplement qu'aucun président de la V République élu au suffrage universel n'a eu l'accord de la «majorité» des Français inscrits sur les listes.

Le Code électoral est ainsi fait que se rendre au bureau de vote le jour du second tour des présidentielles, c'est pour voter obligatoirement pour un des 2 candidats, puisque les bulletins blancs ne sont pas comptés. C'est donc effectivement ouvrir sa gueule et fermer l'enveloppe. Si c'est pour se taire, alors, hélas, autant s'abstenir…

AACC_VOTE_BEING_PAYSAGE_3
Changer le Code électoral en tenant compte des votes blancs et/ou en rendant le vote obligatoire changerait-il les élections présidentielles ?

En France, le vote est obligatoire mais non forcé. L'article L9 du Code électoral dit : L'inscription sur les listes électorales est obligatoire, mais aucune sanction n'est prévue. Votre carte d'électeur vous rappelle simplement que voter est un droit, c'est aussi un devoir civique. Selon Wikipédia, en Europe, le vote est obligatoire en Belgique, au Luxembourg, en Italie, en Grèce et dans certains cantons en Suisse. Les sanctions sont variables, de l'amende à des difficultés pour certaines formalités.
Si on rend le vote obligatoire, est-ce que cela implique alors la prise en compte des bulletins blancs ? C'est le cas en Uruguay d'après Wikipedia. Concernant le compte des bulletins blancs, toujours selon Wiki, la Colombie, le Brésil et le Pérou en tiennent compte. Mieux, au Pérou lorsque deux tiers des électeurs votent blanc, le scrutin est annulé.

 Alors oui ou non, pour compter les bulletins blancs, vote obligatoire ou pas ? Les deux mon Général. Depuis 1965*, si on compte les votes blancs au second tour, tous les présidents sont élus avec plus de 50% des voix des votants. Sauf Jacques Chirac en 1995 qui n'a que 49,5 %. Le mérite du oui serait d'installer une épée de Damoclès au dessus de la tête des candidats : cette obligation faite de convaincre et séduire vraiment plus de 50 % de tous les Français qui se rendront aux urnes. Une obligation véritable de rassemblement, puisque c'est le sacerdoce de tout candidat à la présidentielle. Et ce rassemblement passerait certainement et encore plus par des propositions, des discours, des postures et des comportements qui parlent vraiment au Français.

Mais là, je m'égare et rêve d'une véritable révolution de la vie politique française.

votez_blanc_0

* Sauf 2002 dont le résultat est largement artificiel pour les raisons que tout le monde sait ; c'est pour ça que je ne l'ai pas intégré dans mon petit tableau :

Image_2•••
Bon dimanche !

17 février 2012

TéléDimanche… en passant.

19934754

La série Les hommes de l'ombre, diffusée sur France 2 qui relatait une élection présidentielle anticipée (comme en 1974 après la mort de Pompidou) et l'urgence qui en découle, vue par le prisme des conseillers en communication, ces fameux hommes de l'ombre, m'a déçue. Coups bas, intrigues sentimentales et psychologies tordues : tous les bons ingrédients étaient pourtant là. Hélas, ce qui aurait presque pu être un Mad Men à la française avec toute la lenteur nécessaire, c'est transformé en un sprint de 6 malheureux épisodes provocant un embouteillage de rebondissements grotesques et ridicules, de personnages caricaturaux et de situations trop simplifiées. Un découpage en 12 épisodes aurait permis de ralentir le tempo, de creuser les personnages, de donner une densité à l'histoire tout en préservant le temps d'une campagne courte. Dommage.

Cela dit, ces hommes de l'ombre, ils étaient bons. Professionnellement j'entends. Face aux pires embrouilles, hop, ils désamorçaient ça en 2 SMS. Il faisaient la pluie et le beau temps dans les médias, les meetings et surtout avec leurs «clients» : dites ceci, faites cela, concluez un accord avec Truc, mettez des micros chez Bidule, espionnez Machin… Des pros de chez pros. Faut dire que les scénaristes leur avaient bien simplifié la vie en leur ôtant une épine du pieds : ils avaient juste zappé le web. 

Depuis la présidentielle de 2007, la donne a salement changée : quasiment tous les Français consultent quotidiennement le réseau, les jeunes de 18 ans à 22 ans - une grande partie de la génération Y - qui vont voter pour la première fois ont tous un compte Facebook, Twitter explose, un nom de domaine s'achète en 15 secondes et un site parodique peut être lancé en une matinée. Fini le web à papa où il suffisait de convoquer quelques blogueurs influents et d'ouvrir un compte Facebook, histoire d'y être. 

Aujourd'hui, le moindre propos de travers ou faux pas sur une vidéo est immédiatement détecté et signalé sur Twitter, fait le tour de Facebook, repasse encore sur Twitter, puis atterrit sur les sites des grands titres de presse, est chroniqué à la radio et achève sa course à la télévision. Et une fois que c'est monté en télévision, hop, ça redégringole à nouveau, via Youtube et Dailymotion, encore sur Facebook, Twitter… Ce cycle, qui vaut aussi bien pour un chat qui joue du piano qu'un tweet malheureux d'un politique, se déroule au pire en quelques heures, au mieux en un ou deux jours… (tiens, je m'interroge sur l'ordre de «au pire» ou «au mieux» ?).

fhImage_1
La campagne va donc se jouer aussi sur les réseaux. «Aussi» ne veut pas dire totalement. Enfin, Dieu nous en préserve, car le spectacle actuel est assez affligeant. Alors à qui la faute ? En premier, aux politiques et à leurs fameux hommes de l'ombre qui sont censés tout contrôler. C'est eux, et personne d'autres, les émetteurs du primo message qui va faire le tour des réseaux : un tweet au lieu d'un DM, une photo issue d'une banque d'images, un propos douteux, un slogan… Justement, le cas des slogans et leur enchainement de «ripostes» en dominos sur les réseaux est intéressant.

Image_2

François Hollande et ses hommes de l'ombre ont ouvert le bal avec «Le changement, c'est maintenant». On trouve vite que ce slogan n'a rien d'original dans le fond, ce qui est loin d'être faux, et qu'il a plus ou moins été utilisé dans le passé par Jacques Chirac ou par un site d'information d'habitants de la ville de Nogent (actuellement en procès contre le PS). L'UMP achète illico le nom de domaine www.lechangementcestmaintenant.fr pour balancer des tracts anti-Hollande. Une première partie loupée : un slogan manifestement foireux, un manque de vigilance sur les noms de domaines… Ça tourne sur les réseaux. Au même moment, le programme de François Hollande est proposé en téléchargement. Est-ce qu'il y aussi avalanche de tweets, RT et statuts Facebook sur ce document ? Non, ce qui tourne c'est une vidéo des militants et cadres du PS faisant une chorégraphie vaseuse. Et qui finira sur les chaînes de TV.

slide_209772_700842_huge

Cette semaine Nicolas Sarkozy est entré en piste. Ses hommes de l'ombre ont-ils été plus performants et vigilants que ceux du PS ? Le résultat est positivement catastrophique.

La France Forte ? Le slogan utilisé par Giscard en 1981. Sans faire de psychanalyse à deux balles, on peut évoquer un acte manqué. En 1981, Giscard est au plus mal : l'économie est en berne à cause d'une crise jamais vue depuis 50 ans (ce sont ses propres mots), le chômage des jeunes frappe déjà, son image d'aristocrate éloigné du peuple est catastrophique et son mandat se termine sur fond d'affaires dont celle des diamants de Bokassa. En plus il est sûr de sa victoire. Sauf que la gauche est soudée et François Mitterrand galvanisé depuis sa défaite en 1974. La victoire du PS sera sans appel. Il n'y a pas besoin d'être un fin politologue pour dire que Nicolas Sarkozy est dans une situation probablement pire que celle de VGE puisque ce dernier avait encore la chance d'être en tête dans les sondages du premier tour. Alors pourquoi ressortir un slogan qui dans un contexte quasi identique n'a pas marché ? Les hommes de l'ombre sont vraiment mystérieux…

Il y a 30 ans VGE n'était pas vraiment apprécié par les jeunes qui allaient également voter pour la première fois. Là aussi pas besoin de faire des tas d'études pour découvrir que Nicolas Sarkozy est loin d'être la vedette de la génération Y. L'avalanche incroyable en moins de 24 heures de parodies (parfois de très mauvais goût) de l'affiche du candidat Sarkozy en est le plus bel exemple. Pas plus doués que ceux du PS, les hommes de l'ombre de l'UMP n'ont pas été vigilants sur les noms de domaines et se sont fait piqués mafranceforte.fr

Homme de l'ombre : dur métier…

19934753

Et la «vraie» campagne dans tout ça ? Elle a(ura) bien lieu. François Hollande a publié un programme et sillonne la France pour l'expliquer et le compléter. Quant à l'équipe de Nicolas Sarkozy, elle a annoncé le concept «un déplacement, une idée». Bien. 

La campagne va se jouer, et bien plus qu'en 2007, sur les réseaux. Mais cela sera une campagne des formes : celle des images, des vidéos et des raccourcis, des commentaires à l'emporte pièce en 140 signes, des copier-coller sur les murs Facebook. Une campagne de circulation de détails, de micros phénomènes pour certains ou de fautes impardonnables pour d'autres. La vraie rencontre entre les candidats et les électeurs aura finalement lieu dans les grands médias et surtout le plus puissant de tous : la télévision. Oui, une partie de la campagne se jouera sur l'internet, pour les jeunes surtout, mais elle se conclura inévitablement, sur le fond, au cours de quelques rendez-vous et temps forts télévisuels. Pour ceux qui en douteraient, les scores d'audience de Nicolas Sarkozy pour sa dernière entrevue en tant que président, puis son passage au 20 heures de TF1 pour l'annonce de sa candidature sont sans appel.

La télévision, pour une présidentielle, reste encore supérieure à tout, car elle allie dans une alchimie imparable le fond et la forme, et surtout le temps. Ce temps qui n'existe pas sur les réseaux. Un temps qui nous bloque une heure ou deux sans un bouton like ou RT à tripoter. Et là, sur le coup, les hommes de l'ombre savent (presque) ce qu'il faut faire…

m_167593657_0
Soir du débat du second tour en 1981. Des hommes de l'ombre de François Mitterrand face à la "France forte"…

•••
Bon dimanche !

Image_1

- + -

25 juin 2011

TéléDimanche #16

Ce qui est intéressant quand on croule sous le boulot, c'est qu'on n'a pas le temps d'aller sur Internet. Pour cause de charrette ces 3 dernières semaines j'ai un peu lâché l'affaire côté Twitter, Facebook et autres webdeuxzéroseries… Conclusion de ces 21 jours de sevrage : on peut parfaitement vivre sans Internet et une simple consommation des média classiques, beaucoup moins chronophages, entendez 10 mn de radio au petit déjeuner, la lecture en zigzag d'un Direct Matin ou d'un Libé à l'agence complétés par un vague zapping TV en fin de soirée, vous permettent d'être parfaitement au courant de l'essentiel tout en chopant deux ou trois conneries qui amusent la galerie 2.0*…

Image 1

Franchement, je ne comprends strictement rien à cette campagne. Que cherche-t-on à nous dire ? C'est quoi Hadopi ? Ils font quoi au juste ? Et puis c'est quoi ce label «PUR» ? Honnêtement, est-ce que quelqu'un peut me dire où il y a un début de commencement d'explication factuelle de ce que font concrètement Hadopi et PUR ? Les messages de cette campagne supposent finalement que la cible (des pré-ados et ados, c'est bien ce qu'il y a sur ces affiches ?) est au courant de l'existence d'Hadopi et de sa mission ; et tellement bien que l'on ne renvoie même pas sur le site de l'Hadopi, mais sur un autre, pur.fr… À se demander, puisque les choses semblent si bien acquises,  pourquoi faire une campagne, alors ?
Image 2Selon cette campagne l'avenir des jeunes passerait par la création, le ciné, la TV ou la musique ? Chouette ! Cette jeune fille d'une douzaine d'années pourra être la nouvelle star 2022 grâce à Hadopi ? Ainsi tous les jeunes ne rêvent que de Nouvelle Star, de X Factor, de paillettes, de jeux vidéos et de séries TV ? Aucun n'a donc envie d'être avocat, journaliste, médecin, architecte, ingénieur, cuisinier ou artisan ? Comme certainement la grande majorité de nos enfants ? Une grande majorité qui, à mon humble avis, se contrefout royalement de savoir si Emma Leprince enregistrera ou pas Je préfère ton clone Et de continuer à télécharger.

Image 4

Étant ingénieur de formation, j'ai toujours pris pour postulat que c'est la technologie qui s'adapte à l'homme et non l'inverse. Alors il suffit qu'un exercice du sujet de mathématiques du Bac S fuite sur Internet quelques heures avant l'épreuve pour que allez, hop, on balance l'eau du bain et le bébé en même temps. Mort au Baccalauréat ! C'est fini, c'est has been ! De toutes les façons avec Internet et les portables, c'est plus possible. Ah bon ? comme si c'était la première fois qu'il y avait tricherie ou fuite…
Le Bac, ok, je veux bien entendre qu'il faut l'aménager : revoir la notation avec ce système des coefficients qui permet de l'avoir en se plantant sur les matières fondamentales et en récupérant des points sur des matières ou des options parfois sans rapport avec l'objet de l'examen. Voire le rendre plus sévère, car peut-on encore lui attribuer une valeur quand il y a plus de 85 % de réussite ? Quant à l'Internet, justement si on pouvait l'utiliser plus intelligemment pour transmettre les épreuves à la dernière minute, par exemple, avec des imprimantes dans les salles d'examen pour sortir les sujets un quart d'heure avant l'épreuve. Adapter la technologie et non l'inverse donc. Enfin moi, je dis ça, je dis rien…
Image 3

Je vais faire mon vieux con, mais vivre l'épreuve d'un concours est quelques chose de formateur qu'on le veuille où non. Le Bac est l'antichambre des concours d'entrée dans les écoles (parce que tant qu'on y est on pourrait aussi les supprimer ; entrer à Science Po ou à l'X uniquement sur bulletin de notes par exemple, intéressant, non ? je vous laisse méditer…) ou des concours de fin d'étude. Pour employer une expression à la con, le Baccalauréat, c'est l'école de la vie. La vie professionnelle est bien souvent qu'une succession de concours ou d'examens : entretien d'embauche ou d'évaluation de fin d'année comme cela se pratique dans de nombreuses entreprises avec à la clé promotion, augmentation de salaire… ou licenciement ; répondre à des appels d'offres ou tout simplement convaincre un client d'acheter votre produit ou votre service. Et dans bien des cas on n'a droit qu'à une présentation, une rencontre ou un tour.

Monsieur le Ministre, j'ai une idée ! il faudrait faire une campagne pour dire aux jeunes que le Bac, c'est comme se présenter au Jury de la Nouvelle Star. Une tentative. Pas deux. Hadopi ou pas.

•••
Bon dimanche !

* Bonus : on clique sur l'image. Même l'agence en prend pour son grade…

Emma_Leprince_Fete_musique_hadopi1

•••

Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 > >>
Derrière le Paravent Suèdois
Publicité
Archives
Publicité