Sans Titre.
18,2 % de 30 milliards d'euros cela fait donc environ 5,41 milliards d'euros. Bon, les chiffres datent de 2007. Les 18,2 % correspondent à la proportion de 26 624 par rapport à 145 762. Là, les chiffres datent de 2005. Mais bon, ça donne un ordre de grandeurs. Grosso modo 26 600 morts qui coûtent 5,40 milliards d'euros à la collectivité. Autrement dit à moi, à vous. Oui, un peu de vos impôts ou de TVA quand vous payez votre caddie chez Carrefour. Ou Ed, suivant votre pouvoir d'achat. Enfin bref, ne vous creusez pas la tête, vous payez, c'est sûr !
Ces 26 600 morts sont majoritairement (on s'accorde sur 80%) des personnes qui avaient parfaitement conscience qu'un jour ou l'autre elles prenaient le risque d'une fin de vie pas très agréable. Arrêt cardiaque brusque pour les plus veinards ou ne plus pouvoir chier, par exemple, pour les moins chanceux… Oui, parce que ce qui est stupide dans ce truc à la con, c'est qu'on ne meurt pas directement du problème. Mais plutôt d'un effet collatéral ; surtout quand on est jeune, parce que ça s'étale plus vite. Vascularisation, comme y disent…
S…, toi qui me regarde de là haut, dis-moi, ils sont tous tombés sur la tête avec cette publicité ? Tu m'arrêtes, si je me goure, mais ils mélangent tout, ils racontent n'importe quoi ?
Cette saloperie de clope, t'avais bien réussi à t'en décrocher, mais avant qu'est-ce que tu t'es enfilé ! T'avais commencé à 17 ans ? Je me souviens, à un moment, allez, crache le morceau – excuse-moi, ça m'a échappé – t'étais bien un paquet et demi par jour ? Finalement après presque 20 ans, tu as bien arrêté, mais voilà ton boss, c'était Gainsbourg bis. Profession libérale, c'était son bureau, chez lui, donc il faisait ce qu'il voulait. Bah, oui, c'est comme les free-lance avec qui je bosse, si ils clopent chez eux c'est leur problème… Comme quoi, il y a des tas d'endroits où on peut encore bosser et fumer ! Bon, je digresse.
De tabagisme actif t'es passée au tabagisme passif. N'empêche que ton boss, lui, tu ne l'as jamais sucé ! Par contre des Philips Morris, t'en as sucées ! Un max même ! T'es d'accord… ? Je savais que tu serais d'accord.
Alors comme tu disais, «il faut qu'ils arrêtent avec leur branlette intellectuelle», leur psychanalyse à deux balles, leur subite pudibonderie, leur intelligentsia à vouloir prendre les gens pour des cons qui ne savent pas lire et regarder une image.
Pourtant c'est clair ?
Tu trouves que le mec il est content ? Il fait ça de gaieté de cœur ? Il s'éclate, hein ? Ah oui, j'ai oublié de te dire, il y a deux visuels de garçons et un seul avec une jeune fille. Tout le monde s'émeut pour la jeune fille, mais les mecs… Tu sais ce que j'ai lu comme argument ? «Blabla… faire croire que la fellation donne le cancer». Bon.
Pourtant c'est écrit clairement : Fumer c'est être l'esclave du tabac. Et encore faudrait que tu vois le spot TV, ils y vont pas avec le dos de la cuillère ! Non seulement, les jeunes, ils sucent les fabricant de clopes – bah oui, t'as compris la pogne en costard c'est un industriel de la clope, pas un pédophile ; ah mais je te dis on a droit à tout sur cette histoire… - mais en plus ils vont payer pour cette saloperie !
Bon je me calme…
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«Mouais…» Je sais, c'est ce que tu aurais peut être dit en voyant cette campagne.
Mais ne rien faire, ne rien dire aux jeunes, et aux autres d'ailleurs, c'est pas vraiment la solution ? Tu as caché quelques temps ton cancer du poumon. La chimiothérapie, les rayons, les traitements, les perfusions, les douleurs osseuses puis les autres tumeurs intestinales t'ont rongée progressivement. Tu ne pouvais plus manger, tu t'es battue jusqu'à la dernière heure. Oui la dernière heure. Et ton cœur a dit stop. Un soir vers 22 heures…
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Un fumeur ne peut pas être une personne totalement heureuse. Elle sait qu'elle a plus de chance que la moyenne de mourir d'un cancer du poumon (premier cancer mortel en France - 18 %) ; elle sait que son haleine est plus souvent dégueulasse ; elle sait que cette addiction lui coûte un fric fou ; elle sait qu'elle peut gêner les autres, les enfants ; elle sait que ça pue le tabac froid chez elle ; elle sait qu'au final, il y a beaucoup plus de «désagréments» que ce petit plaisir du geste et de la «taffe».
Je me fous de savoir si cette campagne est morale ou pas. Elle a le mérite d'exister. Et j'espère qu'il y en aura d'autres et encore pour expliquer, sensibiliser, choquer, heurter peu importe… du moment qu'elles aident et provoquent ce déclic exclusivement personnel, qui fait qu'un jour on se dit : j'arrête pour moi. Et peut être pour l'autre…
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S… je t'aime, tu nous manques.