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Derrière le Paravent Suèdois
13 novembre 2009

Rien. Incipit #1

Roman imaginaire, probable, réel… ?

Incipit #1

Oh bonne mère quel cagnard ! Pourtant la chaleur, je connais, putain. Je suis né à Marseille, alors. Mais là, on n'est que début mai, et au Pôle Nord. D’habitude, dès qu’on remonte au-delà d'Aix, il faut prévoir un gilet, alors à 3 bornes de Bézonvaux…

Je jette un œil sur la toquante de Basile, - façon de parler, il l'a ramassée dans un trou de métro sur ce qui restait de l'autre, et le plus fou c'est qu'elle marchait encore, pourtant vu l'état du bracelet et du méchoui accroché dessus, enfin, il l'a nettoyée avec un fond de flotte dans sa galetouse et il l'a pendue à sa frusque avec un bout de ficelle en nous expliquant qu'au moins il aurait un point de repère dans sa journée. On s'est foutu de sa gueule pendant les jours où l’on est resté sans bouger à se pisser et se chier dessus, vue que la musique, elle n'arrêtait pas, surtout la nuit, un vrai lunapark ! Quelle empeigne ce Basile, il causait tout le temps. On avait renoncé à lui demander de la fermer, vu le boucan on ne risquait pas de nous repérer. Sauf la nuit, pas question d'allumer une cibiche, sinon on avait recta une miaule sur la tronche.

L'Ernest avait été amoché et, pas verni le gars, il a fini par clamser le midi du deuxième jour. Alors avec cette putain de chaleur, ça a vite commencé à fouetter la pisse, le raisiné et la merde s'évaporant au soleil. Le quatrième jour, l'Ernest, il s'est mis à péter. On était plus que tous les deux, avec le Basile, et on a rigolé comme deux cons, vu qu'on était salement gelés. Comme on n'avait rien à becqueter, il nous restait que nos bouteilles et les gourdes de picmuche de l'Ernest et du Dédé en méchoui. On a essayé d'être raisonnables les deux premiers jours, vu qu'on s'occupait comme on pouvait de l'Ernest avec des bouts de son falzar pour boucher les trous d'abeilles qui lui avaient ouvert le ventre, mais dans la nuit après qu'il a cané, on a commencé à avoir le bourdon. On l'avait sec et l’on s'est pris des bitures. L'Ernest bien qu’y soit raide, y péter à cause des gaz dans ses boyaux ouverts sortant du bide, et de la chaleur…

Finalement Basile, il a fait le con, il supportait plus, ça trouilloter trop entre le Dédé, l'Ernest et nos étrons, nos dégueulis de cuite mélangés à la terre et les os des anciens collés à nos grolles, il a décidé de sortir, a levé la tête et le moulin à café d'en face ne l'a pas raté. Son corps avec ce qui lui restait de la bougie a glissé mollement contre moi. Bizarrement, j'ai arraché sa montre et noué le bout de ficelle à ma ceinture.

la_terre

La Terre de Roland Tourtain
Éditions Imposture - 360 pages

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