Rien. Internet, la grande illusion /7
Henri Kaufman a posté hier un papier sur un livre au titre un peu mystérieux Me 2.0. Pour des raisons évidentes je ne l'ai pas lu, mais Henri nous explique que cet ouvrage donne des clés et des moyens pour augmenter sa notoriété. Pas celle d'une marque, non, la votre, vous, personne physique. Ainsi par un usage habile des réseaux sociaux, des blogs et de tous ces outils magiques du web 2.0 vous pouvez augmenter votre capital image et cela pourrait grandement servir dans vos relations professionnelles. Parmi ses conseils, ce bouquin propose de se googleliser régulièrement. Inutile de vous dire que j'ai depuis belle lurette une alerte Google sur mes nom et prénom. J'ajouterai dans la foulée qu'il faut vérifier régulièrement les résultats de 123people donnés sur votre matricule, ce site étant un véritable Big Brother…
Télescopage de la centrifugeuse, au même moment, la twittoblogosphère s'amusait du CV vidéo chanté d'Isabelle Moreau. Sauf que lorsqu'on remonte à une source sur Youtube, c'est un petit malin qui l'a postée alors que l'intéressée l'avait retirée…
Que dire ? Que Me 2.0 doit certainement être un bouquin intéressant, mais qu'espérer vouloir tout contrôler à son sujet sur l'Internet relève de la parfaite utopie. Soyez désagréable en commentant sur un blog que son auteur balance en public votre adresse IP – j'ai un souvenir épouvantable sur 20six - ; oubliez de retirer une photo sur Facebook qu'un rigolo d'un simple cliquer-glisser la repostera ailleurs ; et n'espérez pas que vos vidéos sur Youtube ou Dailymotion soient à l'abri ! soyez un poil curieux et vous trouverez sur Google les outils pour les aspirer sur votre PC en format vidéo ; effacez un post de votre blog qu'il pourra quand même refaire surface via Google ou un blogueur pompeur qui l'aura copié d'un clic…
Ce que je répète à mes clients et à mes amis : dès l'instant où vous publiez quelque chose sur le Web, considérez que cela ne vous appartient quasiment plus. Ce n'est même pas jeter une bouteille dans l'océan, car elle sera vite repêchée par Google !
Arrêtons d'idéaliser le Web 2.0 ! ce n'est pas que le monde des Bisounours, c'est aussi un véritable coupe gorge…
Tiens on va parler d'un effet Isabelle Moreau…
Épisode 7 / De la grande illusion financière (part 4)…
Des études désignent Facebook et bientôt Twitter comme responsables d'une baisse de productivité en entreprise. J'ai envie de dire «tu parles d'un scoop Coco !» Pas besoin de faire de longues observations et études : ouvrez simplement vos comptes Twitter et Facebook et regardez les heures de publications des flux suivis. Les timings sont assez biens répartis dans la journée même si il y a des pointes le matin, à midi et le soir. À moins de n'avoir que des amis retraités et chômeurs, tous ces flux partent en grande majorité des lieux de travail. Et j'ajouterai que cela se calme les week-ends…
Malheureusement Facebook, les RSS, les blogs et Twitter ne sont que des couches supplémentaires de cette chronophagie infernale générée par l'Internet qui perturbe le fonctionnement de nos entreprises. Et par conséquent notre économie.
Mais comme cette illusion de la magie de l'Internet ne date pas de ce matin, Je vais revenir sur une autre «révolution» de l'Internet : le email.
Ah non, imposture ! Tu ne vas pas démolir les emails ? Bah si. C'est quand même vachement pratique ! Oui, c'est pratique.
Ou plutôt c'était pratique. Au début. Car nous étions dans un usage raisonné lié à l'avantage du réseau des réseaux, à savoir la rapidité. Or la rapidité des échanges des informations professionnelles n'a de sens que dans le cadre d'affaires devant être traitées rapidement. Est-ce que les affaires dans une entreprise relèvent toutes, et sans exception de l'urgence ?
Les emails ont fabriqué de l'urgence là où il n'y en avait pas. C'est ainsi qu'on découvre des salariés gérant 36 trucs en même temps ; la hiérarchie de traitement des dossiers est perpétuellement bousculée, zappée par ces intrusions permanentes sur notre bureau. Conséquences : travail fait, défait et refait, désordre, déresponsabilisation – on ne sait plus qui écrit à qui – dossiers qui devraient se dérouler normalement et qui finissent dans l'urgence, etc.
Parfois je m'amuse à compter tous les mails (pros et autres) reçus et envoyés dans ma journée de travail : 100 à 150 ! Et à chaque fois je me pose cette question que me fait pleurer : avant Internet est-ce que je recevais, traitais ou écrivais 150 lettres par jour ? Un courrier toutes les 3 ou 4 minutes ?
Cet homme est heureux. Il ne sait pas encore que la mafia Rank Xerox va lui pourrir la vie…
Que trouve-t-on dans cette diarrhée épistolaire quotidienne ? des pubs, des forwards de vidéos – ah ! tiens la vidéo d'Isabelle Moreau ; c'est bon les gars, je l'ai déjà vue sur Twitter ! -, des blagues sur Power Point, des machins à faire suivre pour la bonne cause, des alertes pour son compte Viadeo, Facebook, son blog si on en a un, quelques mails persos... Et aussi des mails professionnels. Si, si.
Reprenons la première catégorie des emails : blagues, vidéos, alertes, spam Viagra, etc. Ne me dites pas le contraire, c'est plus fort que soi on y jette un œil vu que c'est un collègue ou un ami qui l'envoie… Bref 15 secondes par ci, 30 secondes ou une minute par là à mater, à forwarder, à répondre, à commenter entre collègues et aussi à classer et jeter dans la poubelle de sa messagerie... Ne cherchez pas, soyez honnête avec vous même, vous y passez facilement au moins un quart d'heure par jour, soit plus de 3% de votre temps de travail. Ne le répétez pas à votre chef. Surtout, si en plus vous faites des poses cigarette-café.
Viennent ensuite les mails pro, les vrais. Oui, je sais c'est pratique, c'est formidable, on va plus vite, etc. ! Juste qu'avant on n'avait pas besoin d'aller aussi vite, non ? Les entreprises tournaient et gagnaient de l'argent, non ?
Faîtes juste cet exercice pendant 2 ou 3 jours, comptez et analysez vos échanges pros et posez vous les questions suivantes :
Combien de mails compréhensibles, sans la moindre ambiguïtés ai-je reçus ?
Combien de mails me concernant réellement ai-je reçus, vous savez ces fameux "copies pour info"… ?
Combien de mails me donnaient toutes les informations pour poursuivre une tâche sans aucun risque d'erreur ou l'achever ?
Combien de mails ai-je reçus avec des pièces jointes exploitables ou qui m'étaient vraiment destinées ?
Combien de mails ai-je écrits et qui ont été lus, disons dans les 4 heures qui suivaient ?
Combien de mails professionnels avez-vous retrouver par hasard dans votre boîte anti-spam ?
Combien de mails ai-je envoyés en étant sûr qu'on ne me demandera pas de les renvoyer dans 15 jours ?
Combien de mails ai-je reçus sans que je sois obligé de téléphoner derrière pour demander une explication ?
Combien de réponses avez-vous reçues à des emails qui étaient vraiment urgents ?
Combien de mails ai-je reçus avec les réponses à toutes mes questions ?
Et surtout combien de mails auraient pu être remplacés par un simple coup de fil, un fax avec une annotation au stylo ou une réunion face à face, parce la communication entre deux animaux humains se passe aussi et surtout par des gestes, des regards, des odeurs...
Comme ces logiciels usine à gaz que sont Word, Excell et surtout PowerPoint qui coûte des milliards aux entreprises dans le monde en payant des cadres à faire des présentations indigestes et tautologiques qui dans le majorité des cas peuvent se résumer à 1 ou 2 feuillets dactylographiés, la messagerie par email relève certes du bonheur mais aussi du cancer.
Je vous avoue que j'ai écrit cette note sur mon iPhone hier matin dans le RER et que je me l'ai envoyée par email ? Non…
PS : j'ai oublié les téléphones portables, les SMS et les flux RSS. Avant, dans les années 80/90 combien de coups fils perso receviez-vous par jour ? Combien de télégrammes perso par jour arrivaient au bureau ? Pendant combien de temps lisiez-vous Libération au travail ?
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