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Derrière le Paravent Suèdois
30 juillet 2009

Rien. L'Apocalypse selon Saint-Twitter.

Au départ était le verbe HTML et la page personnelle hébergée sur des serveurs dédiés. Mais il fallait connaître le catéchisme HTML avant d’envisager de publier quelque chose.

Doublevé, le Dieu des réseaux, dit :

«Que les blogs soient ! ».

Les blogs furent. Point besoin de connaître le code HTLM. Les apôtres inventèrent des fonds de pages à colorier soit même en cliquant sur quelques boutons. Il n’y avait plus qu’à remplir les blogs avec pleins de choses.

Doublevé, le Dieu des réseaux, vit naître la blogosphère. Il laissa ses ouailles s’adonner avec ce nouveau jouet, pas peu fier que ses apôtres en aient eu l’idée.

Un jour Doublevé, le Dieu des réseaux, se mit à lire quelques blogs au hasard. Il fut bien peiné par tant de vacuité et d’inconsistance. Il réunit ses apôtres et leur fit part de sa déception et les pria de trouver quelque chose pour que les fidèles de Saint-Internet donnent et trouvent un peu plus de sens à tout ceci. Les apôtres se réunirent et réfléchirent.

Ils revinrent vers Doublevé, le Dieu des réseaux, et lui dirent :

«Il y a trop de choses et nos ouailles ne savent plus où aller. Il faut les guider vers un seul endroit où ils pourront poser leurs photos, leurs vidéos, leurs musiques, lister leurs amis, leurs blogs… Ils formeront ainsi des communautés».

Doublevé, le Dieu des réseaux, vit naître Myspace, Second Life et les réseaux sociaux. Il laissa les fidèles déambuler dans ces nouveaux territoires, pas peu fier que ses apôtres en aient eu l’idée.

doublev_

Un jour Doublevé, le Dieu des réseaux, se mit à regarder au hasard quelques pages Myspace. Il s’aperçut que l’on demandait encore à ses ouailles de trifouiller le HTML pour décorer les pages, parfois bien désordonnées et moches, pis faire de la programmation 3D. Il s’aperçut aussi que les blogs étaient de plus en plus inconsistants. Il comprit que les ouailles allaient finir par se lasser de la chose. Il réunit ses apôtres et leur fit part de son inquiétude en les pria de trouver une nouvelle idée pour simplifier et relancer la foi en Saint-Internet. Les apôtres se réunirent et réfléchirent.

Ils revinrent vers Doublevé, le Dieu des réseaux, et lui dirent:

«Nos ouailles ne veulent pas s’embêter la vie avec des personnalisations. Et puis écrire des notes sur des blogs, ça prend du temps et ça les ennuie ! Il faut leur proposer un nouvel endroit encore plus facile où ils pourront toujours afficher photos, vidéos, amis, et surtout dire ce qui leur passe par la tête. Comme cela sera simple et facile, ils formeront une gigantesque communauté. Une seule église !»

Doublevé, le Dieu des réseaux vit naître Facebook. Il laissa ses millions de brebis s’ébrouer dans cette grande église, pas peu fier que ses apôtres en aient eu l’idée.

Un jour Doublevé, le Dieu des réseaux, se mit à regarder au hasard quelques profils facebook. Il s’aperçut qu’il ne s’agissait que d’un grand mélange de tout : des adolescents, des vedettes, des politiques, des gens «ordinaires», des familles et des profils vides, beaucoup même. Il découvrit tous ces petits gadgets, ces jeux, ces applications, tous aussi inutiles les uns que les autres. Pis, son agrégateur de flux RSS – une invention du diable – montrait des blogs à l’abandon, des blogs réinventant l’eau tiède, des blogs avec de moins en moins de lecteurs… Le contenu s’amenuisait à vue d’œil et les commentaires étaient éparpillés entre les blogs et facebook. Il sentit que les ouailles se lassaient vraiment de la chose. Il réunit ses apôtres et leur fit part de son inquiétude car cette fois-ci, sans jeu de mot, la  crise de foi majeure était à la porte du temple. Les apôtres se réunirent et réfléchirent.

Ils ne trouvèrent pas de solution.

Car le Diable venait de sévir.

Doublevé convoqua le Diable et lui fit part de son inquiétude de cette perte de foi naissante. Le Diable lui expliqua alors ceci :

«Doublevé, tes ouailles sont des enfants, et surtout des paresseux du réseau. Tu leur as demandé de faire du HTML ? irréaliste ! Tu leurs as ensuite demandé d’écrire des posts ? Enfin, voyons, ton église n’est pas peuplée que de Maitres Éolas, de Morandinis, de Rues 89, de Violettes ou d'impostures ! Après, tu leurs a proposé de tout mélanger sur un même site, avec ou sans personnalisation, et de suivre plein d’amis. Certain en avaient des centaines. Doublevé, tout Dieu que tu es, combien d’amis as-tu en vrai de vrai? 10, 20… ?»

Doublevé était inquiet car il avait vu cette nouvelle invention du Diable : Twitter.

Le Diable senti son agacement :

«Doublevé, je sais que Twitter t’agace. C’est une perte de temps totale, un contenu d’une vacuité encore plus insondable que les blogs. Je sais bien qu’on ne peut avoir 345 amis en même temps et dire des choses intéressantes en moins de deux lignes ! Mais que veux-tu ? tes ouailles sont des enfants. Et que tout cela coûte beaucoup d’argent pour pas grand chose ! Quant aux non-pratiquants de ton Église, les rares fois qu’ils viennent au culte, c’est juste pour prendre des nouvelles de la météo, d’une promotion pour une quelconque vente privée, ou les horaires d’un train pour aller à Orléans…»

Doublevé se moqua du Diable et lui fit remarquer alors que son Twitter n’aurait pas plus d’aussi beaux jours. Un apôtre entra brusquement dans la salle en s’écriant :

«Doublevé ! Doublevé ! Doublevé ! Nous avons la solution !»

Doublevé invita l’apôtre à s’exprimer :

«Voilà, Doublevé, l’Église doit se préparer à un grand changement. Nous allons lancer le Web Squared ! Tout se mélangera, nos ouailles auront accès à tout, depuis n’importe où…»

Doublevé soupira et se tourna vers le Diable :

«Dis-moi, le Diable, les infidèles, qui ne viennent à l’Église que pour consulter la météo ou des trains pour Orléans comme tu dis, il y en a beaucoup ?»

«Des légions, des légions, des légions et des légions» lui répondit doucement le Diable.

Doublevé demanda au Diable :

«Et que ferais-tu pour les convertir ?»

«Rien, répondit le Diable. Ils me sont déjà convertis ! Car vois-tu, ils me sont fidèles depuis la nuit des temps. Ce sont justes des humains…»

- + -

Édit du 31 juillet 2009

doublev_

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Commentaires
N
Si Ya-Doublevé mes incroyances tombent à l'eau, c'est contrariant ...
I
Trub >Ah, je suis quand même un super analysier, hein…?<br /> <br /> Barbayellow > T'as raison mais pas tout à fait. Il ne t'as pas échapper que j'avais utilisé diverses tailles de caractères. Et que donc Myspace est moins gros que les blog. Et facebook énorme. C'est la façon de symboliser l'importance en termes d'adeptes, de volume, d'impact. Si Myspace est un peu au dessus dés blog c'est parce qu'en terme de contenu cela permettait d'agréger plus de choses et plus facilement que sur des blogs (musiques, vidéo, photos, humeurs, billets, vague messagerie, publicité dans une communauté, etc.). Par exemple j'ai fait de véritables découvertes musicales grâce à cette plateforme (et quasiment sont seul intérêt aujourd'hui…). Enfin si je l'ai mise au sommet, c'est parce que je pense que c'est là que tout bascule : la profusion de tout est n'importe quoi dans un même espace que facebook va "simplifier", et réduite à des fonctions de copier/coller et d'échanges d'humeur pollués par des gadgets stupides et sans intérêt.
B
A popos de l'édit : mouais... Il est quand même surprenant de placer myspace au top sur la courbe de l'intérêt du contenu.
T
Bravo François, ça c'est de l'analyse où je ne m'y connais pas...
I
.<br /> Doublevé heureusement plutôt que dobeulioux !<br /> .
Derrière le Paravent Suèdois
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