La Civilisation du Rien (Les Experts…)
À 2 mardis de la grande finale, il est important de faire un point sur la nouvelle saison. Oui, je parle de la Nouvelle Star.
Ils ne sont plus que trois : Soan, Leila et Ciji (puisqu'on l'appelle comme ça maintenant).
Comme un des principes de notre communication moderne et que n'importe qui peut donner son avis sur n'importe quoi, en tant qu'expert depuis mon canapé en ma Cité Royale, je vais vous livrer une analyse du pourquoi du comment devrait logiquement se passer la finale si les producteurs ont un peu de jugeote et de bon sens. Surtout par rapport à mes goûts personnels qui font foi en la matière. Surtout la mienne. De matière.
Ciji ne passera pas le cap de la demi finale. Certes, elle a une jolie voix, il chante bien et elle a un look. Au passage Ray Ban peut la remercier (avec Philippe Manœuvre) pour cette publicité complémentaire pour pas un centime et qui vient en écho à sa campagne de presse en cours. Comme dispositif marketing on pouvait pas faire mieux… Malheureusement Ciji n'apporte rien de véritablement nouveau. Dans son registre (la blanche jazzy soul à voix), le marché est déjà bien pris. Par conséquent, ce n'est pas nécessairement sur cette jeune fille que le producteur misera. Le départ de Dalé, qui était pourtant une bête de scène à sa manière mais n'apportait rien de nouveau, en est le signal.
Soan, je lui souhaite de perdre à la finale. Pour gagner ensuite. Car Soan, c'est déjà un produit presque fini. Il ne vous à pas échapper que les gagnants de la Nouvelle Star rentrent ensuite dans un processus de formatage. Ils ont gagné par la voix du peuple et de fait la maison de disques se retrouve avec un poulain un peu obligé. Ils vont investir, et autant ne pas se planter et assurer un minimum de recettes gagnantes. Julien Doré a sorti un album sympa, mais est-ce vraiment le Julien Doré 200 % des primes ? Soan est plus «rock attitude» que Julien car probablement plus imprévisible est difficile à gérer. Mais il a un truc, une personnalité, une voix, une présence, qui forme un package commercialisable tel quel. Donc si il perd, la maison de disque squi signera avec lui, signera justement pour le produit Soan. Et comme Soan est un produit à potentiel…
Reste donc Leila, ma favorite depuis le début. Elle a tout pour plaire. Car précisément elle ne plaît pas à tout le monde, loin de là. J'ai pu observer un léger mépris de la part des filles (la grosse, la vache, elle louche, etc.). Elle n'est pas consensuelle, et c'est justement l'engrais de base des artistes différents et innovants. Elle a un physique pour le moins pas banal mais une voix parfaite, une façon de bouger spéciale, justement, et surtout, sa marque de fabrique – que Dédé a soulignée plusieurs fois – une diction et un phrasé ahurissants. Elle chante, mais en plus ses textes, au delà de la mélodie juste et précise, prennent une précision «imprimée». C'est en ça qu'elle représente, à mon sens, un potentiel original pour la chanson française. Dès le premier jour au casting, avec sa reprise vertigineuse d'un Brassens elle a donné le tempo. Et le jury, sur ce coup là, ne s'est pas gouré.
En revanche Leila reste à «fabriquer» (coiffure, perte de poids, dress-code, etc.) et présente un évident potentiel pour des chansons à textes. Et c'est ce devenir plus «malléable» que Soan, qui fait qu'elle peut être une gagnante plus intéressante pour une maison de disques…
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Je viens de donner mon avis en m'autoproclamant analyste musical et stratège marketing. Sur le coup du marketing je peux aligner mes 20 ans de métier dans la communication, même si je n'ai pas fait une seule pub pour des disques (ou des bouquins, même pas le mien – vi, j'ai écrit un roman…) Et quand à la musique j'en écoute 2 heures en moyenne par jour depuis bientôt 40 ans. Ok ! pour ces vagues «références», j'ai bien peur que cela soit insuffisant. N'importe quoi même. Ça va j'ai compris…
C'est la grande magie de l'Internet et des blogs, ces avis multiples et variés. Venant d'experts plus ou moins autoproclamés. Sauf que des experts, ce n'est pas ce qui manque depuis un moment. La légitimité des nouveaux experts fonctionne de plus en plus sur leur valeurs de bruit, de buzz et de présence médiatique. Et parfois au détriment des critères «rationnels» : diplômes, références, conférences, publications, expériences prouvées, etc. Ainsi, tel blogueur se retrouve commentateur TV de l'actualité ou gourou dans une groupe de pub, tel présentateur de variétés s'invite intervieweur d'homme politique, tel écrivain ou chanteur est grand témoin expert dans un débat politique ou de société…
Je ne conteste pas cette diversité des sources, au contraire elles donnent d'autres sons, d'autres éclairages, mais on peut se demander si elles ne peuvent pas brouiller l'information, voire la formation. Et l'Internet grand accélérateur de particules d'informations et de signes, hélas trop souvent invérifiables, contribue à cette dilution d'une certaine forme d'objectivité, de rationalité, de rigueur à défaut de vérité.
Oh bien sûr nous sommes tous sensés et juges. Mais je pense plus à la jeune génération qui est née avec l'Internet. Avec un question simple : quels autres repères aura-t-elle dans tout ce magma de signes ?
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