Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Derrière le Paravent Suèdois
8 novembre 2008

La Civilisation du Rien (2)

Bah oui, pourquoi continuer à écrire sur un blog qui de toutes les façons est condamné à disparaître ?

Mes premiers contacts avec l'informatique remontent à environ 25 ans. De ces contacts, ou plutôt de ce que j'ai créé, imaginé et programmé - truc genre jeu de casse-briques où la raquette était formée de signes  «_» côte à côte, la balle représentée par un «o» et les briques dessinées avec des «M» - que reste-t-il ? Rien. Dans le meilleur des cas, un listing jauni et une archive du fichier sur une disquette Floppy. Quelle belle affaire ! Imaginons qu'on trouve un lecteur de Floppy. Rien que le brancher et le faire tourner par un PC ou un Mac relèvera de l'exploit. Ensuite il faudra trouver un compilateur Fortran IV pour rendre exécutable le programme. Bref du truc de geek de chez geek !!!

Caricatural l'exemple ? Prenons en un autre qui va éclairer le sens de ma pensée.

La France a finalement inventé le concept des sites Internet, des messageries et des sites de culs. Si ! Si… Souvenez-vous de ce machin qui trônait dans nos salons au milieu des années 80 :

dcom522minitel

Ou puis-je maintenant consulter 3615 ULLA qui sponsorisait le film de nichons du dimanche soir sur M6 ? À part des émulations sur des sites spécialisés pour nostalgiques de ces pages Minitel aussi sexy que les premiers essais de mon fiston sur son Télécran…

Je poursuis ?

Que reste-t-il des wagons de pages persos du début de l'Internet pondues par des pionniers du HTLM ? Des adresses url fantômes qui pointent sur des disques encombrés chez Lycos (par exemple…) sur lesquelles nous tombons au hasard d'une requête Google. La souris vous glisse des mains devant tant de créativité graphique et je glisse sur le contenu. Sauf que Lycos, qui n'est pas une entreprise caritative et encore moins le musée du web, finira bien un jour par débrancher ses disques et ces pages disparaîtront à tout jamais.

Les pages persos 1.0 victimes du web 2.0. ?

Nous y voilà.

Que reste-t-il de visible, de palpable, consultable et de lisible sans interface, traducteur, émulateur ou matériel et installation compliqués de tout de ce qui a été écrit, dessiné, échangé sur les pages Minitel, puis les pages du Web 1.0 ? Paradoxe de la disparition virtuelle. Les révolutions du virtuel ne laissent aucune trace.

Un dessin reste sur une feuille de papier. Une photo, même numérique, survivra peut être sur un tirage papier, et un enregistrement sonore sur une K7, un CD ou un lecteur mp3. Quant aux écrits ils ont encore les livres…

Oui, finalement mon ego m'incline plus à m'efforcer d'écrire des bouquins qui resteront quelques jours sur une étagère de la Fnac et surtout dans les bibliothèques des lecteurs, de mes amis, ma famille, mes enfants et, qui sait, mes petits enfants…

Cette dématérialisation intrinsèque des blogs, des pages Facebook, des magasins et médias online, mais aussi des relevés de comptes, de la correspondance, des réservations d'avions et de trains, des factures…, qui obéit à des idées louables comme la rapidité des échanges, la convivialité, l'économie de timbres, de papier et donc la protection de l'environnement, nous conduit à un rien général.

Dans mes projets littéraires j'ai un roman qui raconte une panne totale et générale d'électricité, «La Panne» (j'en ai publié temporairement quelques pages ici). En quelques jours la situation devient catastrophique pour ne pas dire apocalyptique. L'électricité, l'Internet, l'informatique et par corollaire la dématérialisation de presque tout sont les responsables des malheurs des protagonistes de cette fiction.

Fiction ?

Pas tant que ça. Depuis une petite dizaine d'années j'ai le loisir – si j'ose… - d'observer des séries de comportements et de situations du quotidien ou à l'échelle de la collectivité que me poussent à penser que nous avons basculé dans la Civilisation du Rien.

Certains de ces comportements ou situations sont caricaturaux, presque comiques, et d'autres sont à pleurer tellement on a atteint des sommets de débilité et d'irresponsabilité. Quant à savoir où nous conduit cette Civilisation du Rien ? Dans le mur ou vers de profondes mutations de la société et de l'être humain… Je me garderai bien de répondre.

Finalement, je vais continuer à écrire un peu ici.

Vu que c'est rien…

- + -

Publicité
Commentaires
M
ca fait peur le numérique c'est clair.<br /> Mais vive les imprimantes!!<br /> perso je ne dessine que peu ou plus avec le numérique. je suis revenue au fil du temps vers le traditionnel que j'ai du réapprendre, on a beau te dire que c'est comme le vélo...mouais...<br /> <br /> Cet été free m'avait fermé mon compte, j'étais pas la seule. Tout le monde avait perdu ses images. Les forum étaient vides, les gens avaient perdu leurs avatars, ils avaient du coup perdu la moitié de leur identité. C'était la grosse panique!<br /> Je fréquente un forum de graphisme sur lequel je poste mes dessins en vue d'avoir des critiques constructives qui me changent de celles de ma mère. Mon Topic était vide, plus de dessins, plus de portfolio non plus. Mais le pire c'était mon blog. Vide. PLus rien. Comme je n'ai pas ou peu de texte, je n'avais que des titres et des liens. J'en ai pleuré. Mon blog c'est ma mémoire, mon vide poche.<br /> C'est a ce moment là que j'ai demenagé sur blogger, qui proposait un hebergement conséquent et mes images étaient au même endroit que mon blog. Mais j'avoue que j'ai paniqué comme une dingue. Ca peut paraitre stupide.<br /> D'une manière plus générale, internet c'est ce qui me sauve, sinon je crois qu'à une époque j'aurais sauté par la fenêtre. Ca me permet de parler avec des gens, que je n'aurais jamais pu croiser. Je sais que je ne les rencontrerai jamais, tu le sais je m'y refuse. Je suis même pas sûre de trop savoir pourquoi vraiment. Je vais pas faire ma malheureuse, mais sans internet je suis une merde, je ne suis plus rien, peut être pour ça que je veux pas rencontrer les gens, peur qu'ils réalisent que derrière mon blog y a qu'une pauvre fille. <br /> S'il y a une panne d'electricité j'espère que d'ici là je serais sortie de chez moi...comme les gens "normaux". C'est pas demain la veille, plus le temps passe plus je deviens odieuse, plus je deteste les gens, et la réalité.
I
.<br /> J'adore cette définition du rien vide de tous sens.<br /> Mais y'a pas à dire : c'est quand tu nous sors de tels vides qu'il y a matière à discuter.<br /> Au passage, avec un bon coup de Java, ton Fortran s'affichera ^^)<br /> .
I
LA BELLE BLEUE > Tss, Tss. Ne pas confondre le vide et rien…<br /> <br /> VIOLETTE > thank's ma chérie. Ça fait plaisir de te voir chez moi…
V
Putain je viens juste de réaliser que t'avais des annonces Google ici, toi !!!???<br /> <br /> Mais c'est vraiment la crise ?
V
Drôlement chouette billet le fantôme !<br /> <br /> Le Minitel m'a rappelé de grands souvenirs quand on l'utilisait en cachette de nos parents, avec des potes, pour aller sur des trucs de cul.<br /> Enfin, j'avais 12 ans, j'avais le droit, non ?
Derrière le Paravent Suèdois
Publicité
Archives
Publicité