le mystère de Dinah-Moe Humm
Un mystère m’a occupé l’esprit pendant presque 30 ans. Enfin j'ai la réponse… Quand j'ai acheté en 1976 le 33t Over-Nite Sensation, dès la première écoute je me suis dit, tiens ce disque devrait convaincre mes copains, qui me prenaient pour un abruti fan de musique tordue qui ferait mieux d’écouter du disco ou de la funk, de faire un effort pour pénétrer dans l’univers de Zappa.
Outre le fait que cet album comporte plusieurs titres funk avec pléthores de nappes de cuivres et synthés, sur un titre, de manière très précise, il y a dans les choeurs la voix d’une black redoutable qui en ce milieu des années 70 opérait la première partie de son come-back dans un opéra rock filmé…
Le mystère ? Cette voix ? pas une mention sur la pochette, aucun crédit, rien. Nada. Je demandais aux copains «Hein, c'est elle ?». Réponse : «Ça va pas ? Qu'est-ce qu'elle irait foutre dans cette musique imbitable !»
- + -
Les 5 ou 6 qui lisent régulièrement ce blog savent mon «amour» immodéré pour Frank Zappa.
Frank Zappa (1940/1993) est un des plus grands musicien de la seconde partie du XX siècle. Ce n'est pas un fan aveuglé qui vous le dit, mais juste l'écho de l'avis de nombreux critiques, historiens et analystes de l'histoire de la musique contemporaine. Il est toujours à ce jour un des meilleurs guitariste de rock et de blues (il était aussi percussionniste). Il était compositeur et arrangeur de pop, rock, jazz, blues, funk, reggae, hard, rap et de musique dite classique. Ces derniers disques sont conduits par Pierre Boulez. Il était également producteur (il a lancé Alice Cooper), réalisateur de film, vidéaste et clipeur bien avant la mode… Enfin, c'était un génie du studio, un bidouilleur de 8 et du 16 pistes. C'est précisément ce qui m'a frappé lors de l'écoute de mon premier Zappa, Apostrophe.
J'avais déjà dans les oreilles les rifs tricotés à 300 à l'heure de Ritchie Blackmore et les envolées à la Bach sur Hammond de Jon Lord de Deep Purple, les arrangements tarabiscotés au mellotron de Brian Jones avant qu'il ne casse sa pipe et abandonne les Stones, les productions soignées de George Martin pour les Beatles, les stéréos profondes sur les pressages ultra précis de Yes et Wakeman chez AM… Mais quand j'ai entendu Don't Eat The Yellow Snow je fus frappé par deux choses particulièrement surprenantes et inouïes pour l'époque :
La musique proprement dite, avec des mélodies que je n'avais jamais entendues, tout du moins dans l'environnement d'un groupe dit de rock. Des sons échappés de partout (séries TV, cartoons, films, classiques, musiques d'ascenseur, comédies musicales…) accompagnés d'arrangements incroyables de percussions, xylophones, vibraphone, harpes, clarinettes et de montagnes de bruitages surréalistes…
L'autre caractéristique du son Zappa, c'était justement le son dans le rendu technique. Apostrophe était d'une précision sonore ahurissante ! Aujourd'hui cela peut faire sourire, puisque avec le numérique on fait tout (et n'importe quoi…), mais dans les années 60, 70 et même 80, le travail en studio se faisait sur bande magnétique en analogique sur 2, 4 , 8 ou 16 pistes.
- + -
Comme l'explique son fils, Dweezil Zappa, les deux albums Over-Nite Sensation (1973) et Apostrophe (1974) contiennent toutes les facettes de la musique de Frank. C'est fiston et je ne vais pas le contrarier, mais disons qu'il a presque raison. Tout ceci est détaillé dans un dvd passionnant extrait d'une série qui raconte la genèse des grands albums de la pop et du rock. Pour les fans de Zappa, je n'ai qu'une consigne : courrez acheter ce dvd !
Pour les autres, ceux qui ne connaissent pas, ou ont des a priori, car Zappa, je le l'admet, ce n'est pas simple au départ, mais comme toute œuvre riche et dense, il y a peut être une initiation préalable, je vous conseille chaleureusement d'essayer de vous le procurer en location ou prêt.
Ce dvd présente l'avantage de donner un point d'entrée intéressant, et j'ai envie de dire facile, dans l'univers musical immense de Frank Zappa et propose également une découverte passionnante des dessous de fabrication de ces deux albums riches et accessibles : l'évolution des titres pendant les tournées, l'écriture ultra précise de Zappa, sa science des arrangements et des orchestrations et enfin la cuisine de studio avec en particulier la mise en évidence d'effets que l'on ne pourrait pas refaire aujourd'hui en numérique…!
- + -
Alors le mystère ? On met le son à fond et on appuie sur le petit bouton play sur cette vieille K7. C'est parti pour 6 minutes d'un funk assez surprenant et qui n'a pas si mal vieilli quand même (presque 35 ans !). Ce titre s'appelle Dinah-Moe Humm et extrait de Over-Nite Sensation. Précision de la voix de Frank Zappa (je glisse sur les paroles…), overdubs et bruitages, rifs de basse et guitare en boucle, gimmicks de synthés et piano, et cette fameuse choriste…
Dinah-Moe Humm était un titre écrit pour rigoler. Il fait partie des succès de Frank Zappa. Il n'aimait pas trop cette chanson mais à tous ses concerts il se devait de la chanter. Il regrettait qu'elle fasse 6 minutes…
- + -
Alors la voix ? Tina Turner tout simplement. Les copains se foutaient de moi et pensaient que j'avais des hallucinations sonores. Dweezil, faites-nous écouter :
- + -
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F12%2F62%2F102537%2F79829440_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F26%2F89%2F102537%2F79176628_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F00%2F20%2F102537%2F77876268_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F76%2F60%2F102537%2F77323571_o.jpg)