Redif…

Rediffusion ce soir d'une note que j'avais écrite
le 18 janvier 2005 sur mon ancien Paravent en ruines…

Sensation bizarre.
Je parlais de lui et de notre rencontre sur
ma dernière note Questions de cinéma…

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JB (1911-)

Annecy 1975. J’ai donc 15 ans. Mon adolescence est cinémato-graphique puisque je passe mon temps à dessiner et faire des flip book en écoutant beaucoup de musique : Jerry Lee Lewis, les Beatles, les Who, Genesis, Yes et Rick Wakeman, le fou au 25 claviers et synthés, et enfin Frank Zappa qui viendra foutre le bordel dans tout ça… (Oui ? une lectrice au fond à gauche me demande ce qu’est un flip book ? Prenez un paquet de 100 cartes de visite format bristol correspondance, comme on disait autrefois, et sur chaque bristol dessinez un Mickey en bougeant à chaque fois une fois la patte, puis les oreilles, une main, etc. Feuilletez rapidement tous les bristols, et hop ! votre Mickey s’anime et maintenant on peut vous appeler Walt… fin de parenthèse©).

Annecy 1975, donc, festival du film d’animation. On rend hommage à Peter Foldes (le père du dessin animé par ordinateur, mort et enterré depuis, tout le monde s’en fout…) et aussi à Tom & Jerry. Enfin à Joe Barbera, leur père. J’ai gagné un concours de flip book organisé par Antenne 2 et je suis invité à une émission consacrée au dessin animé, dont Monsieur Barbera est l’invité. Interview du papa de Tom & Jerry, en anglais, je ne comprends rien. Pause variétés (les Rubettes ou William Sheller avec des cheveux à l’époque…?). Tout le monde se rue vers Joe qui dessine des mickeys (oui, petit m, là…). Je tends ma feuille :

Tom & Jerry c’est ma culture dessin animé. Je fais partie de la génération qui a été nourrie avec Bip Bip/Coyote, Titi et Gros minet, Bugs Bunny, Daffy Duck… Des petites merveilles de quelques minutes avec de les vrais morceaux d’animation à l’intérieur dedans et surtout des gags qui m’ont fait pisser de rire. Depuis, la qualité a diminué sur le plan technique, et Hanna & Barbera ont leur part de responsabilité avec les Scoubidou & co, qui étaient d’une médiocrité sans nom. Le sommet a été atteint avec Goldorak et toutes ces productions japonaises, qui sont tout, sauf de l‘animation. L’animation traditionnelle, la vraie, avec 24 vrais dessins à la seconde est morte. Bah oui, qui veut s’amuser maintenant à dessiner et peindre au bas mot 150 000 à 200 000 slides pour un long métrage, et surtout les payer ? Si j’ai bien compris Disney n’envisage plus de produire de dessins animés traditionnels. Alors, à part 2 ou 3 films par an pour Noël et un Miyazaki, l’animation se réduit à des daubes TV produites à la va que je te pousse… Paix à son âme.

L’émission se termine, Joe et le patron Angleterre des Studios Hanna & Barbera viennent me voir. Joe trouve intéressant mon flip book, me demande si je veux en faire mon métier. Bah, euh… Le boss londonien m’explique que Joe a une école à Burbanks pour son studio, qu’il recherche de jeunes animateurs et qu’il est prêt à m’accueillir. Il faut que je prépare un dossier… Je suis jeune, encore gamin, immature… tout ça me fait peur. Je n’enverrai pas de dossier.

Je ne regrette rien. Je me suis éclaté par la suite avec des copains de lycées à produire, écrire, réaliser et monter des tas de films d’animation et en pixilation barges en super 8… Aujourd’hui je m’amuse autrement et je gagne bien ma vie en créant… Alors no regret. No.

Je garde un souvenir magique de ma rencontre avec la souris et le chat les plus connus de la planète, une rencontre que des tas de gamins dans le monde aurait aimé faire. J’y ai eu droit avec mon petit quart d’heure de célébrité comme disait Wharol… Et ça, cela n’a pas de prix…

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