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Derrière le Paravent Suèdois
20 novembre 2006

Baba sans fin…

Bah, il a un plus de 60 balais, maintenant. Quand il arrive sur la scène de l’amphithéâtre Vienne à Lyon, il a un petit air François Berléand qui aurait pris un coup de vieux. Il a une chemisette jaune à manche courte, un pantalon noir bien repassé avec le pli et un classeur de partitions sous le bras qu’il pose sur un pupitre. Il chausse de grosses lunettes noires. Les progressifs Varilux, on peut aussi les faire en solaires…

Puis arrive son acolyte de plus de 40 ans. Look retraité échappé du camping d’à côté. Tee-shirt bleu, bermuda blanc, gros mollets, grosses baskets et chaussettes. Lunettes de soleil aussi, correctrices, il n’y voit plus très bien. Drôle de paire avec son pote, presque sourd comme un pot, conséquence du niveau de décibels hors normes de leurs concerts dans les années 70.

Premiers riffs de guitare de l’homme en jaune, premiers moulinets de micros de l’homme en bleu… 25 ans de silence rompu par ce coffret spécial comprenant un CD avec une vingtaine de nouveaux titres et surtout un dvd avec un extrait de ce concert enregistré cet été… Putain !

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3 titres envoyés avec la hargne des vieux routards du rock. Puis démarre le lancinant synthétiseur du premier titre de leur album le plus sauvage. Un album phare de l’histoire de la pop-rock, sorti en 1971. À l’époque ils étaient quatre. Keith Moon, le batteur, est mort en 1978 de ses excès de drogues et d’alcool, et le cœur du bassiste John Entwistle, The Ox, a claqué, il y a 4 ans dans une chambre d’hôtel à Las Vegas.

Roger Daltrey et Pete Townshend ne sont plus que les deux «survivants» du plus grand groupe de rock de l’histoire de la pop. Et l’extrait d’une trentaine de minutes de ce set en juillet dernier a quelque chose d’émouvant, magique et furieux.

peteroger

Émouvant de voir ces seniors du rock, la peau des mains marquées de taches de vieillesse, aux déplacements moins souples, à la voix un peu fatiguée, accompagnés par les enfants de la famille (C’est Starkey Jr qui est derrière les fûts, le fils du batteur des Beatles, et Townshend Jr à la guitare et aux chœurs) prendre un plaisir manifeste à être sur scène et à balancer à la bonne franquette tous leurs vieux standards.

Démarre donc le synthé crécelle de Baba O’Riley. Et là, il se passe un truc. Daltrey sort un harmonica et enfile le solo de fin qui à l’origine est au violon sur l’album. Je lâche la zappette. D’un grand bœuf de vieux brisquards du rock, on glisse en deux accords dans une dimension intemporelle. Putain, c’est ça, le rock, c’est un truc organique, médical, biologique. Un machin qui te coules dans les veines. Voilà, il y a des mecs qui sont nés avec un ADN spécial à vie ! Daltrey et Townshend sont des furieux de cette race. Baba O’Riley se termine, Pete enchaîne aussi sec sur Won’t Get Fooled Again, le titre à rallonge bulldozer de ce fameux Who’s Next, sorti en 1971. Durée originale 8’32. Ici, à Lyon, les papys fondateurs du rock dur nous en collent 1’30 de plus. 1’30 de riffs moulinets, de fûts cognés par Starkey Jr et de cette putain de voix de Daltrey…

whosnext

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Les Who n’ont plus rien à prouver sur tous les tableaux. Ils ont signé des albums magnifiques et ont certainement gagné des fortunes. Endless Wire, sorti il y a quelques jours démarre comme le Who’s Next, par une moulinette de synthé. Les Who n’ont plus rien à prouver, je vous dis… Et leur «dernier» album le prouve magistralement.

Fondamentalement, ils auraient pu ne pas le faire et rester sur une discographie d’une petite dizaine d’albums (9 pour être précis, les suivants n’étant que des compiles ou des reprises), mais voilà, cet album, malgré l’absence de Keith et John et une présence importante de Pete sur tous les tableaux (écriture, presque tous les instruments, production et mixage) est un album des Who, un pur.  Est-ce le dernier des derniers ? C’est une véritable synthèse de la musique et de l’univers du groupe, des premières mélodies simples de My Generation aux synthés tarabiscotés de Who’s Next et Who are You, des balades sur guitare acoustique à un mini-opéra façon Tommy passé au mixeur d’un Quadrophenia. Tout y passe, revisité par un Pete Townshend rarement aussi inspiré.

Tommy

Endless Wire se déguste lentement. En fait je l’avais honteusement téléchargé, et écouté d’une oreille distraite en bossant à l’agence. Ça passait tout en ne passant pas. Bien entendu je l’ai acheté, version Collector avec ce fameux dvd et depuis 3 jours, il occupe la platine. Et à chaque écoute il me procure de nouvelles émotions, de nouvelles sensations que les Who n’avaient pas explorées avec une série de titres plus intimes, façon guitare au coin du feu avec des intonations frôlant parfois un Tom Waits…

Endlesswire

Endless Wire,
probablement un des plus grand album des Who.

Endless The Who… !!

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Baba O’Riley.
Version originale de l’album Who’s Next – 1971.

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Commentaires
I
G.o.T > Avoue que le dvd, c'est quand mêmez pas mal , non ? ;-)
G
je suis d'accord avec toi sur le fait que les who ont vraiment marqué leur époque avec des albums phares, et des concerts également.<br /> Mais sur le dernier album, j'ai eu beau l'écouter pendant 1 semaine à raison de 2 fois par jours (les joies des embouteillages parisiens...), c'est l'abum de trop.<br /> @+ sur le net...<br /> l'avis complet<br /> http://gotonair.canalblog.com/archives/2006/12/20/3268814.html#c4801264<br /> G.o.T
T
Moi ce soir c'est Ten Years After, tous les vieux de la vieille encore vivants nous font le coup du come back et c'est bOnheur quoi !
I
Vincent > Mais si tu ne connais pas trop je te conseille le "Who's Next", "Tommy", "Quadrophenia" et le fameux "Live at Leeds", que certains considèrent comme un des meilleurs live de la pop-rock… En fait, ils sont tous bons… OK, je suis un gros fan ;)
V
Quelle surprise et quel souvenir ! C'est le premier album de rock que quelqu'un m'ait offert. C'était un jeune américain dans la cadre d'un échange scolaire. Il a avait du penser que ça me ferait plaisir mais à l'époque, je n'écoutais que du classique et de la BO. Je ne savais même pas qui étaient les Who. Depuis j'ai appris à apprécier. You'll be forgiven.
Derrière le Paravent Suèdois
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