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Derrière le Paravent Suèdois
19 septembre 2006

La route n’est pas longue…

Celui qui pond un bon road movie est nécessairement un très bon cinéaste. Non ce n’est pas pompé dans les Cahiers du Cinéma, Télérama ou Première, ne cherchez-pas, c’est de moi. Bah, oui, j’aime bien décréter des trucs comme ça. Bon, je vais argumenter un peu…

- + -

Tout le monde sait en quoi consiste un road movie ? on prend des personnages qui partent d’un lieu A vers un point B. L’essentiel du film est alors consacré au voyage, généralement en voiture. Cela dit, on a observé des variantes en train, camion, moto et même tracteur de jardin ou carrément à pinces…

MLS_PA
Donc partir d’un point A…

Il n’y a pas de contraintes pour le nombre de personnages. Tout est possible : 2 femmes larguant leurs mecs, un homme en cavale et un enfant, un flic et un truand, un playboy et un autiste, etc. Ils peuvent même être plus de 2 : 3, 4, 8, 20… voire seul. Ils ne sont pas obligés de partir tous ensemble. Ils peuvent partir en décalé, se rejoindre, se poursuivre, se rattraper… Là aussi il n’y a pas de règle.

Quant aux motivations pour partir de A pour aller vers B, là encore, pas de consignes particulières : deuil, gain au loto, amour, vengeance, trip sous LSD, déprime, tuer des gens, faire un pari, sauver le monde, etc. Free style pour les scénaristes. Ce qui compte, c’est que très vite le film se passe sur la route…

MLS_PB
… Pour arriver à un point B.

La route. Toujours la route qui défile, qui défile, qui défile… Et c’est là que cela se complique…

- + -

Ça défile. C’est ça la difficulté du road-movie. Rien n’est fixe. Les décors passent et les personnages secondaires aussi : pompistes, hôteliers, shérifs, commerçants, motards, voyous, amants de passage, pour ainsi dire… Le cinéaste n’a alors qu’un seul point d’ancrage «fixe», un décor récurrent dont on va vite faire le tour : une bagnole. Et dans la bagnole, il y a donc les fameux personnages du départ. Et même si le scénariste a pondu une ou deux bonnes scènes d’ouverture pour expliquer pourquoi ils partent de A pour aller à B, il va falloir assurer par la suite. Avec au moins une heure à passer dans une voiture, vaut mieux avoir du biscuit dans le script…

MLS_VAN
… Alors quand on est 6 dans un Volkswagen pourri (le 6eme est caché…)

Et c’est pour cela que j’en arrive à ce jugement totalement arbitraire et partial qui n’engage que moi : faire un bon road movie n’est pas à la portée du premier Dugludu venu.

Aussi géniales soient les motivations d’aller de A vers B, le scénario va devoir sévèrement développer la nature des personnages embarqués dans le trip : pourquoi ils en sont là, leur passé, leur avenir, leur faille, leur psychologie, etc. Cela implique des dialogues travaillés, ciselés et derrière une direction d’acteurs de haut niveau qui devront faire passer tout ça, les mains rivées à un volant ou vautré sur une banquette arrière, cadrés au mieux en plan américain, le plus souvent serrés. Tout le jeu se résumera dans un regard, un vague geste de main, un cadrage dans un rétroviseur, une image à travers les reflets d’un pare-brise, un visage derrière la pluie et le balai des essuie-glaces…

MSL_REST
… C’est pour manger sur place ou emporter ?

Il y aura bien sûr les pauses pipi, motels, stations-service, cafétéria, mais, comme le conducteur et les passagers se dégourdissant les jambes, le spectateur voudra se dégourdir l’esprit avec de nouvelles têtes. Alors le scénariste va devoir introduire ces fameux personnages secondaires qui n’auront que le temps de quelques plans pour exister et donner une chair supplémentaire à l’intrigue. Autant dire qu’il vaut mieux qu’il se passe un truc ! Et là encore une fois de plus, pas de règles : pompistes à accent imbitable, carnage dans un magasin, baise ou suicide dans un motel, apparition mystique, tout est possible…

MLS_ET
… Quand est-ce qu’on arrive ?

- + -

Le road movie, c’est vachement dur, parce qu’une fois qu’on a dit que cela se passe sur la route, accrochez la ceinture…

- + -

Little Miss Sunshine (2006) Un film de Jonathan Dayton et Valerie Faris. Avec Greg Kinnear, Toni Colette, Steve Carell… Une route familiale joyeuse et émouvante. Une bouffée cinématographique rafraîchissante comme on n’en a pas vu depuis des lustres…

Un grand road movie, donc un grand…

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Commentaires
I
Corynne et Karène > Pas mieux. whhoofff…<br /> <br /> lollah > Comment ne pas aimer… ;-)
L
On a aimé et en Vo! lolll
K
Wahoo
C
Pas mieux.
Derrière le Paravent Suèdois
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